La réforme territoriale va-t-elle profondément bousculer les déplacements publics et privés ?

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En recevant dès ce 14 mai les représentants des partis politiques sur le thème de la réforme territoriale, François Hollande et Manuelle Valls mettent en route un processus dont on ne mesure pas tout à fait les conséquences mais qui pourrait pourtant permettre une simplification politique du «millefeuille» qui, aujourd’hui part de la commune pour finir à l’Élysée.

En France « réformer » est souvent perçu comme un gros mot et la volonté du Président ne suffira pas à briser la vision napoléonienne d’un pays encore bercé par une approche structurelle imaginée en son temps par Richelieu. Voilà qui ne nous rajeunit pas. On dit le projet mort-né, on évoque la volonté du Président, on raille les arrières pensées… Qu’importe ! Ce qui nous intéresse ici c’est la future vision des déplacements professionnels, elle aussi aujourd’hui comparable à une ramette de photocopieuse : près de 500 politiques différentes pour définir les déplacements des salariés du secteur public et assimilés.

La réforme pose, bien évidemment, des problèmes de logistique. Faudra-t-il faire avec moins de personnel ? L’autonomie politique suffira-t-elle à assumer un développement économique régional suffisant ? Quid des accords économiques interrégionaux qui existent aujourd’hui ? Quelle péréquation entre les régions riches et les autres, plus pauvres ?

Personne ne sait quoi répondre … D’autant que sur le terrain de nouvelles interrogations apparaissent. Faudra-t-il unifier les plateformes aéroportuaires dont certaines sont exsangues et inutiles ? Comment négocier avec la SNCF le déploiement de lignes transversales à très grande vitesse ? Faudra-t-il taxer les accès routiers ? Doit-on imposer la gratuité des autoroutes déjà largement payés par les usagers ? Voilà la partie cachée d’un iceberg qui promet au projet une fin à la Titanic si l’on ne prend pas en compte, dès aujourd’hui, la problématique des infrastructures.

Si nous évoquons ici une toute petite partie des possibles problèmes, c’est que les 5 à 10 années nécessaires à la mise en place de la réforme vont sensiblement bloquer les travaux de la commission en charge de l’optimisation des achats publics. Le SAE (service des achats de l’état) qui vient de valider 5 axes de travail (téléchargez le guide de travail ci-dessous) ne peut faire l’impasse sur les risques possibles d’une profonde mutation du pays suite à cette réorganisation souhaitée par l’état.

C’est bien connu, un projet en cache toujours un autre. Un peu comme les poupées russes. Et au final, on se dit qu’avec un peu de travail et d’imagination, on reviendra à cette vieille idée chère au Général de Gaulle : le plan quinquennal. Rien ne se perd, tout se transforme et finit par revenir.

Marcel Lévy