Le ciel européen peut-il encore attendre ?

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Bruxelles, les compagnies aériennes et quelques états membres réclament à corps et à cris un "ciel unique" européen. La Commission européenne a tapé du poing sur la table le 25 novembre mais semble prêcher en plein désert : dans ce domaine comme dans d'autres, l'Europe patine. Et pendant ce temps, la planète, les voyageurs et leurs entreprises paient.

Les systèmes de gestion du contrôle aérien date des années 50 et constitue une vraie mosaïque de 27 espaces aériens différents qui, pour des raisons diverses et variées, n'arrive pas à s'unifier. Il y a beaucoup à y gagner : fluidité du trafic donc plus grande capacité du ciel, amélioration de la sécurité aérienne, réduction estimée à 10 % des nuisances environnementales, baisse de consommation de carburant et réduction de 50 % des frais de gestion. La Commission européenne a calculé que pour la période 2012-2014, les mesures préconisées permettraient d'économiser 920 Millions d'Euros en réduisant la durée des vols et les retards. Et à l'heure ou chaque centime compte, elle s'énerve. Elle a publié vendredi plusieurs rapports qui évaluent la capacité des états membres à intégrer ce ciel unique, avec de très jolis feux verts, orange et rouge. C'est donc un feu vert pour la Belgique, le Danemark, la Lituanie, le Luxembourg et les Pays-Bas, les seuls pays à satisfaire aux critères qui devraient leur permettre de remplir leurs obligations 2012/2014. Feu rouge pour la France. Qui n'est pas la seule : l'Allemagne, le Royaume-Uni, l'Espagne et l'Autriche sont également dans le rouge pour les trois indicateurs utilisés par l'Union.

Il y a bien longtemps que Iata, l'Association mondiale des compagnies aériennes, se plaint de la mauvaise volonté des pays. Entre le souci de ménager les contrôleurs aériens qui craignent pour leurs emplois et un véritable souci de souveraineté nationale, rien ne bouge ou presque. Un évident manque de volonté politique marque ce sujet qui, par nature, ne touche pas vraiment tous les citoyens. Mais handicape nettement l'efficacité du trafic. En cette période électorale, pour la France et pour l'Allemagne notamment, le ciel saura t-il se faire voir et prendra t-il plus d'importance dans le calendrier ? Rien de moins sûr. Et pendant ce temps, les routes entre Paris et Moscou sont loin d'être les plus courtes, au dépend de notre économie et de l'écologie.

Hélène Retout