Le grand retour d’Havas Voyages dans le voyage d’affaires

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Avec 505 agences, le nouveau réseau formé par Carlson Wagonlit Travel et TUI marquera le grand retour de la marque « Havas » dans le monde du voyage d’affaires. Rien n’est encore très clair aujourd’hui car l’utilisation même de cette marque, vedette des années 90, dans l’univers du business serait soumise à conditions et à délais.

On pourrait se demander l’intérêt de CWT à participer à une telle opération car le loisir n’est plus la priorité du groupe qui veut marquer de son empreinte le monde des déplacements professionnels. Il faudra sans doute raisonner dans le long terme et aborder la segmentation des marchés pour en comprendre la finalité. A ce jour, les batailles de grands comptes est complexe. Piquer Orange, Veolia ou Legrand à un concurrent demande du temps, des moyens et des sacrifices. D’autant que les conserver n’est pas facile. La lutte pour les appels d’offres est dure et la longue chute des prix du marché pourrait accompagner celle des frais demandés par les grandes agences. Entre Amex, Egencia ou CWT, il faut intégrer des structures médianes, capables de conquérir une niche un peu délaissée : celle des PME/PMI, souvent implantées en province et assez fidèles au réseau local pour la fourniture de services quotidiens. Un marché estimé (un peu au doigt mouillé) à 28 % du volume global du voyage d’affaires.

Tout ça pour ça ? Non, même si cette volonté d’investir de nouveaux marchés a toujours été clairement annoncée par les opérateurs du domaine. Egencia, qui veut sortir aujourd’hui de cette image de fournisseur de PME/PMI, ne cache pas qu’elle a su exploiter ce marché pour arriver aujourd’hui aux grands comptes. Il faut donc analyser cette stratégie de CWT dans le temps et laisser au groupe le soin de digérer l’alliance avec TUI pour en tirer le meilleur. D’autant que le groupe allemand ne s’intéresse absolument pas aux déplacements professionnels. Le réseau tourisme de CWT est sa seule finalité. On peut raisonnablement penser que ce regroupement « pour le meilleur » de ces deux géants devrait quelque peu bousculer Thomas Cook et Afat Selectour (AS Voyages) qui devront redoubler d’imagination pour ne pas trop céder du gâteau.

Marcel Lévy