Le marché français du voyage d’affaires serait passé sous la barre des 15 milliards d’Euros

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Alors que l'on sait quasiment tout de l'élevage de porcs ou de volailles, de l'automobile ou de l'aérien, les chiffres du voyage d'affaires sont eux, miraculeusement, inexistants. Chacun peut y aller de son sentiment et se positionner sur un marché sans craindre les foudres de ses concurrents. Le nombre de leaders est tel, qu'il vaut parfois mieux être le dernier. Au moins on y est seul ! Que ce soit dans les TMC, les fournisseurs de services technologiques, les comparateurs de toutes sortes... Que des premiers. Malheureusement, en regardant de plus près les chiffres, il y a fort à parier que le volume d'affaires français du voyage d'affaires soit désormais sous la barre des 15 milliards d'euros... Même si, en volume, il retrouve des couleurs.

Lentement mais sûrement, les quelques 18 milliards d'euros évoqués voici deux ans par des spécialistes du domaine comme Jean Claude Tacnet, l'ancien patron de CWT, semblent fondre comme neige au soleil. En début de semaine, Bertrand Mabille révélait le volume d'affaire de CWT pour 2010 : 2,1 milliards d'euros (dont une partie pour les loisirs). De son côté, American Express devrait sans doute être proche des 2 milliards et l'ensemble des agences spécialisées Business travel, en ligne ou de petites tailles, frôlent les 2,9 milliards toutes réunies. Globalement l'aérien, au départ de la France, doit être d'environ 3,2 milliards d'Euros, toutes compagnies confondues (Air France en faisant la plus grosse partie). Même estimation de Deloitte pour l'hôtellerie d'affaires, environ 2,1 milliards. Ajoutons à cela les 1,8 milliard toutes activités complémentaires confondues... Et nous voilà à 14,1 milliards d'euros.
Suis je certain de mon chiffre ? Pas du tout. C'est une approche pifométrique sans doute assez proche d'une réalité. Mais laquelle ? Car si tous les chiffres que j'avance sont mathématiquement vérifiables, aucun d'entre eux ne reflète la pure réalité tant les croisements des données est complexe. Ce qui est certain, c'est que le voyage d'affaires a perdu en valeur pour se stabiliser à nouveau en volume et sans doute atteindre rapidement le même nombre de déplacements qu'avant la crise. Pourquoi cette démonstration ? Tout simplement pour appeler les fournisseurs du domaine à une plus grande coopération interprofessionnelle. Ne serait-il pas possible, à l'image d'autres métiers, de trouver une alliance (professionnelle et non syndicale) capable de publier des valeurs précises et de donner de grandes orientations aux marchés français ? Il existe plus d'une dizaine de cabinets internationaux capable de collecter anonymement des chiffres et de les analyser pour le plus grand bien de la communauté des acheteurs, des fournisseurs et des entreprises elles mêmes. C'est la seule solution pour donner une mesure efficace des dépenses et des investissements du domaine. Un travail de titan mais d'une utilité plus qu'évidente quand il devient indispensable d'avoir de bons compteurs pour piloter en finesse.

Marcel Lévy