Le mobile va-t-il signer la fin du door to door?

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Implanté comme un SBT évolutif, dont le point de départ serait le déplacement global du voyageur, le Door to Door aurait-il déjà du plomb dans l'aile ? C'est en tout cas ce qu'en pensent les petites entreprises américaines qui évoquent la mobilité comme l'étape essentielle à atteindre. La gestion du voyage d'affaires pourrait sauter une étape, comme le téléphone filaire qui, en Afrique, n'a quasiment jamais existé… Le portable devenant le point d'entrée.

Quels seraient les atouts de la mobilité ? L'accès direct aux fournisseurs, somme toute limité dans le monde du voyage d'affaire, à l'aérien et l'hôtellerie. Pour autant, il ne s'agit pas d'une nouvelle forme d'open booking mais de petits programmes implantés dans l'entreprise et dont la finalité serait de servir de plateforme entre le voyageur et le fournisseur. Exit dans ce cas l'agence de voyages qui n'aurait aucune valeur ajoutée au système mais dont l'intervention se ferait autour des voyages complexes ou sur du off line souhaité, et payé par le client.

La formule est alléchante, d'autant que les techniques poussées de l'intelligence artificielle vont permettre d'assurer le suivi du voyageur en temps réel et ce, très en amont du voyage. L'exemple nous vient d'une jeune société*, implantée dans la silicone Valley et dont le produit ne sera présenté que d'ici un an. Le principe : un parsing de l'agenda et/ou des mails qui extrait automatiquement les rendez-vous à venir pour les transformer en déplacements potentiels. Offres de taxis ou d'Uber pour les déplacements de proximité. Un avion, un hôtel, un restaurant et des navettes pour le moyen et long courrier. L'offre établie en fonction des habitudes du voyageur (avion et hôtel) et de la politique voyages de l'entreprise, est directement transmise à l'acheteur (ou à un supérieur pour validation) et référencée dans un module graphique de géolocalisation. Mieux, des marqueurs en cas de non respect des règles informent en temps réel l'acheteur qui peut, on non, valider la demande. Le mail de contrôle (refus ou acceptation) est envoyé directement au voyageur qui modifie ou enregistre son déplacement. Un reporting est établi en temps réel sur un outil d'affichage bluffant. Petits plus, tous les outils connectés (de la voiture à la montre) deviennent des sources d'informations visibles par l'entreprise si le voyageur l'accepte. Tout est accessible sur smartphone en mode crypté.

Au-delà, en utilisant les systèmes financiers de dématérialisation (contrats spécifiques, facturation décalée, cartes logées, carte de crédit corporate), l'ensemble des compléments du voyage est soumis au voyageur via un message texte ou un dialogue vocal. Un outil de modification après émission des billets complète le tout. Autre point fort, l'outil relié aux bases d'informations va automatiquement informer le voyageur d'un retard, lui offrir des alternatives voire réserver le billet en fonction des règles de la société.

Pour l'heure, il ne s'agit que d'un prototype. La jeune entreprise (en négociation pour des prises de participation avec de très gros investisseurs) a plus d'un module dans son sac. Relié à l'assistante, voire à une agence, le programme peut automatiquement modifier des éléments du voyage y compris après l'émission du billet. Il les soumettra au voyageur (et à l'acheteur) avant de les confirmer. La commercialisation n'est pas encore prévue ni même le coût de l'application qui devrait être proposée sous forme d'abonnements (moins de 55$ par mois et par voyageur). A ce jour, 85 modules complémentaires sont à l'étude. Une sorte de couteau suisse du voyage d'affaires.

A Chicago,
Philippe Lantris

* A la demande des deux développeurs, français partis s'installer aux USA, le nom de cette jeune startup n'est pas cité