Le nombre de chambres d’hôtel diminue en France

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Pour la première fois, In Extenso TCH (Tourisme, Culture et Hôtellerie) s'est penchée sur l’évolution du parc hôtelier français. Son étude montre que le nombre établissements et de chambres a chuté sur l’année 2016, provoquant la perte de 8 400 chambres. Une baisse de l'offre inquiétante pour les travel managers qui pourraient - si la tendance s'intensifie -avoir plus de mal à faire jouer la concurrence lors des appels d'offres.

Samuel Couteleau, Senior Manager chez In Extenso TCH explique : "Début 2017, la France métropolitaine comptait près de 17 200 hôtels dont les trois-quarts étaient homologués. Les créations, disparitions et remises en marché d’hôtels observées en 2016 se sont soldées par un déficit de 200 établissements sur un an. La tendance n’est pas nouvelle mais elle s’est amplifiée depuis 2014 en raison d’une recrudescence des disparitions d’hôtels. Parallèlement, le volume de chambres offertes s’établissait à environ 637 500 chambres début 2017, en léger recul sur un an (-0,1%, soit environ 400 chambres de moins)".

L'étude montre en effet que 450 hôtels ont disparu en 2016 (8 400 chambres). Cet indicateur s’inscrit dans la lignée du pic observé depuis trois ans. Le rapport ajoute "Le parc hôtelier vit une période charnière : départ à la retraite d’exploitants, nombreux petits hôtels ne pouvant faire face aux contraintes réglementaires ou aux investissements nécessaires pour une remise à niveau…"

Les établissements disparaissent principalement en raison de défaillances (36%), c’est-à-dire les fermetures d’hôtels sans reprise en cours d’année. Les autres motifs de la fermeture des hôtels sont les cessations d’activité (28%), les reconversions en gîtes, meublés ou chambres d’hôtes (16%), en hébergement social (7%) (essentiellement en Île-de-France et dans les grandes villes) ou encore les rénovations lourdes ou restructurations qui nécessitent une fermeture d’un an ou plus (4%).

L'étude comptabilise également 120 adresses ayant rouvert leurs portes (2400 chambres) et 132 créations d'établissement (5600 chambres) en 2016.

In Extenso TCH précise que la forte dynamique d'ouverture d'hotels observée en 2015 (près de 8 000 chambres créées, dont 3 500 en Ile-de-France) ne s’est pas maintenue. "Depuis le début de la décennie, seule l’année 2011 avait affiché un aussi faible volume de chambres créées. En région parisienne, ce ralentissement s’explique en partie par l’attentisme consécutif aux attaques terroristes de 2015. Dans les grandes métropoles régionales, il correspond à une pause après un développement soutenu ces dernières années".

Des disparités selon les régions
L’Ile-de-France représente 25% de l’offre de chambres d’hôtels de l'Hexagone. Encore une fois, la région francilienne a connu une croissance de son parc légèrement supérieure à 1%. Le rythme des créations est resté élevé (une trentaine, comme en 2015) mais avec des hôtels de plus faible capacité (61 chambres en moyenne contre 99 en 2015).

Parallèlement, les disparitions d’hôtels ont été moins nombreuses (29 en 2016 contre 68 en 2015), en particulier les reconversions sociales qui avaient connu un pic en 2015. En 2016, l’Île-de-France a en définitive gagné 1700 chambres (+1,1%).

Le rapport estime que la tendance 2017 devrait être plus modérée : sur les douze mois de l’année, une trentaine de nouveaux hôtels devraient être mis sur le marché (soit 2 200 à 2 500 chambres) mais à elle-seule la fermeture pour rénovation du Pullman Montparnasse (près de 1 000 chambres) devrait peser fortement sur les disparitions de chambres.

Les métropoles régionales de plus de 200 000 habitants représentent 22% de l’offre métropolitaine. En 2016, la croissance de leur offre a été de +0,6% en moyenne, soit près de 900 chambres. Dans ce contexte, seule Marseille-Aix s’est distinguée : son parc de chambres a augmenté de 3,7% sur un an grâce à la mise en marché de six nouveaux hôtels totalisant 641 chambres, soit 42% des chambres créées en 2016 dans les métropoles régionales.

Sur 2017, ces dernières devraient connaître une nouvelle poussée de croissance, qui devrait toutefois être atténuée par la reconversion sociale d’hôtels d’entrée de gamme en périphérie de villes. Marseille-Aix devrait maintenir un rythme de croissance significatif, tout comme Lyon. En matière de créations de nouveaux hôtels, les deux métropoles devraient se faire doubler par Bordeaux et Nice à partir de 2018 : sur chacune d’entre elles, la création de 1 200 à 1 500 chambres est en effet anticipée entre 2018 et 2020.

Les agglomérations de 10 000 à 200 000 habitants comptent 22% de l’offre hôtelière. Toutefois, ces dernières peinent à compenser les disparitions d’hôtels. En effet, au cours de l’année 2016, ces territoires ont globalement vu disparaître plus de 800 chambres (-0,6%). A elle-seule, Lourdes a perdu 500 chambres en 2016, et globalement près de 2 000 chambres depuis début 2011 (-15%).

Les zones rurales et semi-rurales ainsi que les stations de sports d’hiver sont les segments enregistrant les plus grandes difficultés.

Le nombre chambres d’hôtels ruraux a en effet reculé de près de 1 600 au cours de l’année 2016 (-1,5%). Plus de la moitié des établissements disparus en 2016 en France métropolitaine se trouvaient en zones rurales ou semi-rurales et affichaient une capacité moyenne inférieure à 15 chambres. Une trentaine de créations d’adresses (environ 600 chambres) ont malgré tout été recensées, mais bien souvent aux portes de grandes agglomérations.

De leur côté, les stations de sports d’hiver ont subi une perte nette de plus de 400 chambres (-1,5% sur un an). Globalement, la petite hôtellerie peine à se maintenir dans les stations de sports d’hiver et les créations ne sont pas assez nombreuses pour inverser la tendance (cinq hôtels mis en marché en 2016, soit 258 chambres). Les acteurs du secteur préfèrent les résidences de tourisme : une quinzaine ont ouvert en 2016, représentant plus d’un millier d’appartements.