Le paradoxe des chiffres dans l’aérien

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Après l'angoisse, l'euphorie: le transport aérien a un véritable talent, il souffle le froid puis le chaud, il n'est jamais tiède. Le printemps 2010, avec le blocage des vols provoqué par le volcan islandais, annonçait une année catastrophe, en tous cas c'est ce que toutes les compagnies ont pronostiqué. Pour finalement annoncer, avec ce début d'année, une vraie reprise 2010 et des résultats positifs. Allez comprendre...

Le volcan, les grèves et en toute fin d'année la neige, la vie des compagnies aériennes n'est jamais un long fleuve tranquille. Giovanni Bisignanni, le Directeur général de Iata, annonçait en début d'année que le bilan serait bon, au printemps qu'il serait mauvais, l'été qu'il ne serait finalement peut-être pas catastrophique et maintenant que les résultats tombent, ce sont finalement quelques 15 milliards de dollars qui devraient avoir été engrangés par les compagnies aériennes, après la fameuse "annus horibilis" de 2009 et ses pertes de 9,4 milliards de dollars. Alors ça y est, tout va bien ? Non, n'y croyez pas: l'Association se réjouit mais annonce déjà que les résultats sont fragiles, les marges faibles (2,7 %) et pour tout dire, elle s'attend à une année 2011 de "pause" avec des profits annoncés à la hauteur de 9,1 milliards. Une paille, dont d'autres se contenteraient.
Alors quoi, jamais contents, ces transporteurs ? Il faut dire que le baril remonte, à 80 dollars en moyenne, et que la reprise du trafic se tasse. Un peu. Parce que de son côté, l'OACI, Organisation de l'Aviation Civile Internationale, annonce qu'après une croissance de 8,8%, du fait d'une forte reprise des voyages d'affaires sur de grandes distances, le trafic mondial augmentera de 4,7% cette année et de 4,9% l'année prochaine. Moins fort donc, mais là encore, d'autres industries s'en contenteraient. Mais bon, vous comprenez, c'est fra-gi-le, on vous dit. On comprend surtout que les compagnies veulent se refaire et s'apprêtent à nous annoncer de nouvelles surcharges carburant. Alors évidemment, dans ce contexte, s'enthousiasmer serait un peu malvenu. Allez, on va préparer le chéquier.

Hélène Retout