Le rail français perd des voyageurs

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L'Autorité de régulation des activités ferroviaires et routières (Arafer) a publié ce 16 novembre 2017 son premier bilan du marché du transport ferroviaire de voyageurs en France. Cet Observatoire montre que le train a de plus en plus de mal à séduire les voyageurs.

Avec près de 29 000 km de lignes exploitées en 2015, la France dispose du deuxième réseau ferroviaire européen après l’Allemagne. Elle est également sur la deuxième marche - derrière l'Espagne – lorsqu'on étudie uniquement le réseau à grande vitesse. C'est ce que remarque ce 1er bilan du transport ferroviaire de voyageurs en France de l'Arafer : avec près de 3 000 gares et haltes ferroviaires exploitées, près de 90% de la population de l’Hexagone réside à moins de 10 km d’une gare ferroviaire. Toutefois,l'utilisation de ces voies se révèle plutôt disparate puisque 80% des rames de voyageurs circulent sur moins d’un tiers du réseau ferré (27%). Ces éléments et ceux qui suivent vont certainement alimenter la réflexion de Jean-Cyril Spinetta, qui doit remettre son analyse au plus tard au mois de janvier prochain.

Moins de passagers dans les trains
L'étude de l'Arafer confirme également que le train perd du terrain face à ces concurrents. La fréquentation mesurée en passagers.km a reculé de 1% en 2016 alors que les trafics intérieurs de voyageurs réalisés en voiture particulière (covoiturage compris), en autocars interurbains et en avion ont augmenté respectivement de +2,7%, +17% et +3,8 %.

Par ailleurs, la baisse de fréquentation des TER s’élève à - 2,8% mais ce sont les trains internationaux (-7,8%) et les Intercités (-6,5%) qui ont le plus souffert de cette désaffection. En revanche, la fréquentation du TGV domestique reste stable (+0,1%) et celle du Transilien est en hausse (+3,8%).

En 2016, près de 1,2 milliard de voyageurs (soit environ 3,2 millions de passagers par jour) ont pris le train. Ils sont principalement montés dans des TER et Transilien. Ces rames du quotidien représentent, à elles seuls, près de 90% des personnes transportées. Globalement, le taux de remplissage moyen est de 43%. Néanmoins, il existe de fortes disparités entre les services : de 25% en moyenne dans les TER jusqu’à 67% dans les TGV sur des trajets domestiques.

5% de trains annulés ou déprogrammés en moyenne par jour
Si les Japonais sont pointilleux sur la ponctualité, les trains français ont plus de mal à suivre le programme défini. En effet, l’Arafer qui a étudié les données relatives aux suppressions de trains en tenant compte des déprogrammations de rames – cet élément n'était jusqu’à présent pas recensées dans les statistiques nationales – remarque plusieurs points problématiques.

En 2016, sur les 6 700 trains de voyageurs (hors Transilien) initialement programmés quotidiennement, 230 ont été déprogrammés (supprimés la veille avant 16h) et près de 120 ont été annulés à la dernière minute (supprimés la veille après 16h)

Le rapport ajoute "Les déprogrammations sont survenues presque exclusivement en période de grèves, concentrées sur le 2e trimestre 2016. Les services TER et les Intercités ont été les plus touchés, avec une réduction de l’offre de plus de 40% pendant les jours de grève (20% pour les TGV). Les périodes de grève n’ont en revanche pas eu d’incidence particulière sur le taux des annulations de dernière minute qui sont liées à des aléas opérationnels et répartis tout au long de l’année. On constate toutefois que les annulations sont plus élevées pour les TER (près de 2%) que pour les autres services ferroviaires (0,6%)".

Ainsi au total, le taux de suppression de trains de voyageurs (hors Transilien) s’élève à 5% en 2016, soit près de 350 rames par jour. De plus, 11% des trains de voyageurs (hors Transilien) sont arrivés avec un retard d’au moins 6 minutes à leur terminus, et "le taux de retard s’accentue en période de pointe".

Les régions paient en moyenne 17,7 centimes par passager
En 2016, l’offre et la fréquentation des TER ont baissé de près de 3%. Le taux de remplissage des rames régionales restent ainsi stables : entre 15% et 31% selon les régions, avec une moyenne à 25%. Par contre, les recettes commerciales ont diminué de plus de 5% en 2016, en raison de l’érosion de la part des voyageurs non abonnés. Le taux de remplissage moyen des Transilien est pour sa part de 26%.

Selon les calculs de 1er bilan du transport ferroviaire de voyageurs en France de l'Arafer, le passager d'un TER ou Transilien a payé en moyenne 6,5 centimes d’euro HT pour chaque kilomètre parcouru en 2016 tandis que la Région paie le complément à SNCF Mobilités, soit 17,7 centimes pour l’équilibre du service public.

La Région paye en moyenne aussi 5,6 centimes d’euro à SNCF Réseau au titre de la redevance d’accès au réseau ferré.Ainsi, les revenus 2016 du TER proviennent à 75% du concours financier des régions, avec des disparités entre les régions (de 65% en Alsace jusqu’à 90% en Limousin). Pour le Transilien, cette part s’élève à 70% (62% en 2015).