Le sens de l’histoire

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Un vent nouveau souffle dans le transport aérien. Un vent mauvais, ça on le sait, lié à la crise économique. Un bon zéphyr aussi, qui offre plus de réactivité, de sens de l’à propos et de souplesse, même dans les compagnies réputées les plus lentes à réagir. Le transport aérien deviendrait il semblable à toutes […]

Un vent nouveau souffle dans le transport aérien. Un vent mauvais, ça on le sait, lié à la crise économique. Un bon zéphyr aussi, qui offre plus de réactivité, de sens de l’à propos et de souplesse, même dans les compagnies réputées les plus lentes à réagir. Le transport aérien deviendrait il semblable à toutes les industries ?
Les compagnies aériennes ont longtemps travaillé dans le domaine du rêve, elles sont passées à celui du réalisme. Les mammouths se mettent à avoir le pied léger et à s’adapter de plus en plus finement à la conjoncture. Il faut dire que les années successives n’ont pas été tendres avec l’industrie du transport aérien : depuis le choc de septembre 2001, entre SRAS et grippe, choc économique et tsunami pétrolier, elles sont passées sous tous les rouleaux compresseurs imaginables ! Et elles ont appris : alors que 2001 ou 2003 résonnaient de jérémiades à n’en plus finir, presque pas de réaction au dernier chiffre de l’AEA, l’Association des Compagnies aériennes européennes, qui a publié un recul de trafic jamais vu de 19,6% au premier trimestre 2009 !
Les compagnies ne mouftent pas et enchaînent depuis l’automne des plans de réorganisation successifs. Pas question de faire voler des avions vides, de garder des lignes trop peu fréquentées, elles ont même avalé leur amour-propre et signé des accords de code-shares avec des ennemis d’hier, devenus des alliés dans la crise pour partager les sièges et les risques.
Pas sûr que le voyageur d’affaires y gagne : il ne sait pas toujours avec quelle compagnie il va voler et en réservant un siège pour une configuration, il risque fort d’en trouver une autre à la porte de l’appareil. Sans doute, à l’avenir, les vols vont-ils à nouveau devenir plus difficiles : si les avions ne se remplissent pas, les compagnies n’hésiteront pas à limiter les destinations et utiliser de plus petits avions sur des vols avec escales. Mais il est vrai que l’heure n’est plus au confort, elle est à l’efficacité. Et à la lucidité. La preuve : Quantas annonce la suppression de la classe First sur ses vols Londres-Melbourne, trop vide donc coûteuse. British, selon le Guardian, envisage de prendre les mêmes dispositions. Adaptation, adaptation. Aujourd’hui ce n’est plus la compagnie, c’est le marché qui commande.

Annie Fave