Le travail mérite t-il qu’on y laisse sa santé ?

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Si le chocolat fait depuis 50 ans une percée sur le bureau des secrétaires – pour son magnésium ! – les entreprises sont confrontées depuis plusieurs années à une accélération du dopage pour permettre à leurs salariés de tenir le coup. Le jeu en vaut-il la chandelle ?

Faut-il perdre sa vie à la gagner ? La formule née en 1968 semble plus que jamais d’actualité, mais pas pour des raisons baba-cool. Les Echos sont revenus le 11 décembre sur un phénomène dénoncé régulièrement par le syndicat CFE-CGC : pour faire face au stress, tenir les cadences et la pression, « Les pratiques dopantes se généralisent dans les entreprises. Au point de devenir un réel problème de santé publique ». Et selon les médecins spécialistes du sommeil, les voyageurs d’affaires ne sont pas les derniers candidats aux drogues dures ou douces qui permettent de faire face au décalage horaire et à la fatigue. Le Guronsan des étudiants a été dépassé par les antidépresseurs, anxiolytiques, somnifères, bêtabloquants, antidouleurs, amphétamines et psychostimulants, mais aussi cannabis, cocaïne ou héroïne. Désormais, d’après les Echos, le phénomène toucherait 20 % des salariés. Oui, un sur cinq !

Les Baromètres des voyageurs d’affaires Mondial-Assistance / DeplacementsPros.com ont souligné les uns après les autres les conditions de voyage de plus en plus difficiles en vigueur dans la plupart des entreprises. Certains salariés peuvent se permettre de refuser la succession excessive de déplacements professionnels fatigants, mais le chômage met une pression qui peut en dissuader d’autres de le faire. Quitte à les pousser à rechercher des béquilles qui, de l’alcool aux anti-dépresseurs, les détruisent plus qu’elles ne les assistent. Si l’alerte en est au point d’appeler les médecins du travail à la vigilance sur la question, il y a fort à parier que les travel managers et l’encadrement devraient être les premiers à se mobiliser. Un voyageur d’affaires dopé sera-t-il longtemps efficace ?

Marc Dandreau