Le voyage d’affaires, parent pauvre de l’élection présidentielle

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Voici venir ce dimanche le temps de l’élection présidentielle, scrutin phare, véritable graal des hommes politiques pour accéder à la plus haute fonction de l’Etat. Tous les citoyens sont appelés à se mobiliser et, compte-tenu de l’enjeu, les voyageurs d’affaires ont tout intérêt à avoir donné une procuration si jamais ils se trouvent en déplacement. Seul bémol, leurs difficultés ne semblent pas avoir attiré l’attention des candidats…

Un peu plus de 26 milliards d’euros*, c’est le budget total des déplacements professionnels en France. TMC, supports technologiques, billets d’avion ou hôtellerie, notes de frais et autre restauration, les déplacements professionnels ne constituent pas un métier mais une véritable activité.

Pour autant, pas un mot dans les déclarations de foi des candidats sur les mouvements de ces Français qui bougent pour leur entreprise. Ils sont le support de leur société, ils représentent souvent la France à l’étranger, ils constituent les forces vices de l’Europe mais faute d’avoir une vraie voix au chapitre, ils ne se sont pas fait entendre pendant cette campagne. Même s'ils s'inquiètent pour leur sécurité, comme le révèle le Baromètre FCM/DP. D’ailleurs les compagnies aériennes elles-mêmes, grosses pourvoyeuses d’emplois, reconnaissent ne pas parvenir elles non plus à se faire entendre, et les taxes qui les frappent en sont la preuve.

Est-ce normal ? Sans doute, puisque nulle part il n’existe au sein du gouvernement d’interlocuteur unique pour concrétiser les préoccupations du voyage d’affaires. Le secteur du tourisme, qui peine à être représenté, a même été joyeusement abandonné par son Secrétaire d’Etat en fin de mandat pour un poste plus prestigieux. Sans doute Harlem Désir, nommé pour combler l’absence, a-t-il eu quelques parapheurs sur le bureau mais très honnêtement, personne n’en a eu vent. Les Entrepreneurs du Voyage (ex-SNAV) ont bien un Conseil du voyage d’affaires mais jamais rien ne filtre de ses activités. Plusieurs associations animent le secteur des déplacements professionnels, de l’AFTM à GBTA en passant par Marco Polo, mais ce sont des Clubs dont la dimension politique semble totalement absente.

Faut-il, justement, que le voyage d’affaires devienne politique ? Se fasse plus et mieux entendre ? A vrai dire, en dehors de l’enregistrement sur Ariane, le site dédié du Quai d’Orsay, il n’y a qu’en période de crise que l’on entend parler des voyageurs d’affaires. Le reste du temps, ils font leur boulot, tout simplement. Vont, viennent, subissent les retards aux frontières et les aléas du transport, aérien ou ferroviaire. Leurs entreprises sont souvent prises pour des vaches à lait mais la pénibilité de leurs déplacements, il n’y a vraiment grand monde pour l’entendre. Déjà que les déplacements professionnels sont à peine considérés comme un investissement par les entreprises, et plus souvent comme un coût… On se demande bien qui irait réclamer des passages aux frontières encore plus souples pour des voyageurs qui, finalement, ne se font pas entendre. Des citoyens rêvés, en somme !

Annie Fave

*Données Epsa 2016