Le voyageur d’affaires peut-il déconnecter?

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C’est le paradoxe des salariés français : ils se disent heureux au travail, mais démotivés. Contents de leur job, mais sous pression. Une pression excessive, dont ils voudraient débrancher. Une situation partagée par bien d’autres collaborateurs européens !

Selon le dernier baromètre européen mené par Edenred et Ipsos, les Français sont heureux au travail, mais ils sont aussi les plus démotivés d'Europe : 88 % épanouis au bureau, mais 38% de démotivés contre une moyenne européenne de 29%. La raison ? Ils se disent sous pression, connectés au-delà des heures de travail, fatigués. Malgré l’accord signé en avril dernier par le patronat des sociétés d'ingénierie et de conseil et des bureaux d'études (Syntec et Cinov) avec la CFDT et la CGC, bien peu d’entreprises se sont encore saisies de «L'obligation de déconnexion des outils de communication à distance». Il s’agit officiellement de faciliter le respect des tranches d'horaires minimales de repos qui sont imposées par la législation française et européenne. Ce n’est pas une utopie : en Allemagne, chez Volkswagen, un millier de salariés jouissent depuis 2011 d'une trêve quotidienne de réception d'e-mails sur leurs BlackBerry. Les serveurs se mettent en veille de 18h15 - fin officielle de la journée - jusqu'à 7 heures le lendemain matin. Il faut le vouloir pour se connecter.

Certains pensent qu’il faudrait en faire plus et commencer par supprimer les 35h, qui auraient accentué le stress en obligeant les salariés à faire le même travail sur une durée officielle réduite. C’est une version, mais pour tout dire, les Allemands considèrent au contraire qu’on devrait les instaurer chez eux, ces 35h ! Le puissant président du syndicat IG Metall disait tout récemment au Bild que c’était une option réaliste, puisque «Terminer sa journée de travail ainsi qu'avoir du temps libre est un droit». Le point commun de tous, c’est bien l’envie de savoir prendre du recul, renoncer aux réunions trop tardives et créer des chartes d’entreprises pour améliorer le bien-être au travail et réduire le stress, qui est bien plus contre-productif pour les entreprises qu’on ne le croit !

A l’heure de voter pour renouveler les députés européens, il est amusant de noter que de nombreux politiques français suggèrent à nos concitoyens de regarder de l’autre côté du Rhin… Tandis que les allemands regardent de ce côté ci du fleuve !!

Annie Fave