Les GDS vont-ils devenir de simples éditeurs de logiciels ?

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Concentrés pendant des années sur un contenu aride mais indispensable aux voyages, les GDS ne sont plus de simples fournisseurs de données mais de vrais couturiers de la data. Face à une mort annoncée il y a quelques années, tous on pris le tournant de la solution logicielle. Avec un succès incontestable pour les plus grands. Une habillage malin de l'information qui se met désormais à toutes les sauces. Faudra t-il encore les appeler GDS ? Pas si sûr.

Ces nouveaux concepteurs d'offres multiples en matière de gestion ou de suivi de voyages sont les premiers a avoir compris que la donnée n'était pas un bien unique que de petites mains allaient saisir dans des masques adaptés à leur utilisation. Les GDS anciennes époques étaient naturellement consommateurs de main d'œuvre, en Europe ou en Asie. Un luxe que l'on ne peut plus se permettre à une époque ou le digital est devenu le moteur d'un open data qui se nourrit de terminologies barbares : API, XML.... Bref, l'effet Google a sans doute bousculé l'histoire. Amadeus ou Sabre, qui ont perdu une partie de leurs actionnaires historiques, à savoir les compagnies aériennes, ont mis à profit le retard des pros du net pour prouver qu'il était possible de passer d'une image vieillissante à un modernisme avancé. Sur le papier, tout tient la route. Mais le danger n'est pas dans la concurrence... Il va plutôt s'insérer dans la volonté des acteurs commerciaux de ne pas forcément donner leurs datas sans compensation. Aujourd'hui, au prétexte de vendre, pas un seul professionnel d'une taille économique raisonnable ne peut se permettre d'être absent d'un GDS. Aujourd'hui peut-être, mais demain ? La distribution que nous connaissons aujourd'hui sera sans doute la première à être touchée de plein fouet par les nouvelles habitudes d'achat. Face à la volonté de développer la vente directe, bien des groupes hôteliers voire des compagnies aériennes sont persuadés que l'alliance commerciale est une obligation et que la solution pour mieux vendre sera dans une réponse directe aux demandes du client. Accor, Hertz ou IAG réfléchissent à cette solution qui repousse la concurrence.

Certes, nous en sommes encore loin et le chemin est long et parsemé d'embuches. Mais la tentation, elle, commence à naître dans l'esprit des Google et autres Microsoft. Facebook veut même devenir un centre de concentration des données ou l'abonné exprimera son besoin commercial et l'opérateur apportera sa solution, la moins onéreuse, il s'entend. Idem pour Twitter qui, dans le cadre de son entrée en bourse, évoque "le potentiel commercial de gré à gré que représente le réseau". Bien évidemment, on pourrait dire à nouveau que les GDS seront bientôt morts. Détrompez-vous, ils resteront le dernier rempart d'un professionnalisme qui existera toujours et qui saura séduire les agences de voyage ou les entreprises. Mais au lieu de vendre de la donnée, eux vendront de la solution, toute prête et efficace dès sa mise en route. Deux mondes, deux visions différentes mais aussi indispensables l'une que l'autre. C'est toute leur force.

Marcel Lévy