Les acheteurs « voyage » et les Travel Managers s’attendent à des temps difficiles

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Un salon, c'est un endroit privilégié pour prendre contact, négocier, envisager de futures relations commerciales mais aussi, et peut-être surtout, prendre la température du marché et échanger. L'IFTM Top Resa n'échappe pas à cette règle de la convivialité et la cocktail qui a suivi la remise des Lauriers 2011 du Voyage d'Affaires a été l'occasion pour beaucoup de poser une question essentielle ces derniers jours : "Comment ça va ? Et les affaires ?".

Cette simple question de contact et de politesse a trouvé un écho incroyablement sensible cette année. Parfois, on aurait mieux fait de s'abstenir et chercher d'autres sujets de conversation. Incontestablement ,bon nombre de professionnels s'attendent à des difficultés financières sérieuses sur le marché des voyages d'affaires. Budgets rognés, attentisme, peur de la crise. Autant le dire, la prudence en matière d'investissements reste de mise. "Nous sommes conscients que nous aurons à être plus présent sur les marchés", m'explique le Travel Manager d'une entreprise du CAC 40, "Mais nous devrons le faire avec des budgets en baisse et un circuit de validation qui demandera plus de temps". Même point de vue pour les compagnies aériennes, pilonnées sur les prix et les renégociations pour les tirer vers le bas. "La menace que l'on nous fait ", me dit l'un des représentants d'une compagnies du Golfe, "C'est de nous expliquer que l'on va tout confier à nos concurrents prêts à des sacrifices. Info ou intox ? Nous passons beaucoup de temps à expliquer que nous ne pouvons pas vendre à perte et que la qualité à un prix. Ce qui est certain, c'est que pour certains clients, la qualité n'est plus une demande essentielle. Seul le prix compte !".
Justifier le voyage semble devenir l'obligation des prochains mois, d'autant qu'après les audits financiers, voilà qu'arrivent les audits de "process" et les matrices d'efficacité. Les voyages d'affaires n'échappent pas à cette analyse. Et au moment où chacun prend ses dispositions pour faire face à d'éventuelles tempêtes, "Nous constatons même une certaine tendance à reporter les décisions", explique un fournisseur technologique, "En fait, nous sommes dans une spirale dangereuse car nous cherchons à maîtriser nos équipes, à ne pas les faire grossir inutilement. Mais quand un projet se met en place, nous avons du mal à recruter les ingénieurs ou développeurs supplémentaires dont nous avons besoin".
Au-delà de l'environnement économique, l'environnement politique inquiète. Montrée du doigt, l'élection présidentielle et son lot d'attentisme. D'autant qu'elle sera suivie de législatives qui elles mêmes seront suivies des vacances. "Les 9 premiers mois de 2012 sont morts", affirme une TM. Pour d'autres, la crise financière n'en est qu'à ses débuts. Pour la majorité, la relance doit se faire, mais comment ? Vaste question.

Annie Fave