Les cabinets-conseils ne peuvent pas s’entendre sur les prix, Deloitte et son syndicat condamnés

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L'Autorité de la concurrence vient de sanctionner plusieurs cabinets-conseils et le syndicat professionnel du secteur pour s'être entendus sur les prix. Le Géfil et dix entreprises conseils du secteur de l'ingénierie des loisirs, de la culture et du tourisme devront payer une amende de 660 700 euros pour avoir arrêté et diffusé des consignes de prix auprès de la profession. À elle seule, Deloitte Conseil devra débourser 510 000 €.

Les cabinets-conseils ne peuvent pas s'entendre sur les prix, Deloitte et son syndicat condamnés
Pour l’Autorité de la Concurrence, les cabinets-conseils apportent leur expertise auprès des collectivités locales, des offices de tourisme ou des entreprises qui ont en charge la promotion et la valorisation d'équipements touristiques, culturels ou de loisirs tels que des lieux d'hébergement, de restauration, des musées, des châteaux, des édifices religieux, des centres nautiques ou des parcs d'attraction. L’autorité constate qu’un «Juste prix» devait être respecté par les cabinets-conseils adhérant au syndicat professionnel. Entre 2002 et 2010, le syndicat national de l'ingénierie des loisirs, de la culture et du tourisme, le Gefil et plusieurs cabinets-conseils ont élaboré et diffusé auprès de la profession une fiche dénommée «Juste prix» recensant des honoraires qualifiés de «raisonnables» ou «décents». Cette fiche, qui servait de référence aux propositions tarifaires déposées par les cabinets-conseil lors des appels à concurrence lancés par les clients, avait pour objectif d'éviter tout «dumping» et «guerre des prix» entre cabinets et ainsi «tirer les prix de toute la profession vers le haut». Les consignes de prix se sont accompagnées d'actions visant à s'assurer du respect des tarifs fixés. Une police des prix avait été mise en place par le Géfil afin de vérifier que les tarifs appliqués étaient conformes à ceux décidés en commun. Les collectivités locales à l'origine des appels d'offres étaient alertées lorsque certaines propositions étaient jugées «anormalement basses» par le syndicat. Pour les experts, à travers cette entente, le Géfil est sorti de son rôle de défense de ses membres et a faussé les procédures de mises en concurrence initiées par leurs commanditaires. L'Autorité de la concurrence a également sanctionné certains cabinets-conseils qui, en tant que membres du conseil d'administration du Géfil, ont directement participé à l'entente. Les sanctions pécuniaires ont été fixées en tenant compte, pour chaque contrevenant, de leur implication, de leur durée de participation à l'entente et de leur capacité contributive. Compte tenu des faibles ressources du Géfil, l'Autorité a prononcé une sanction symbolique à son encontre (15 000 €).