Les candidats à l’élection présentent leur programme ferrovaire

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Pour se rendre au travail ou sur les lieux d’un rendez-vous, les voyageurs d’affaires prennent souvent le train et se trouvent confrontés alors à différentes difficultés : prix, retards, grève et vétusté… L'AVUC (Association des Voyageurs-Usagers des Chemins de Fer) a interpellé les principaux candidats à l’élection présidentielle pour connaître leur projet pour les transports en commun via une lettre ouverte.

Les candidats à l'élection présentent leur programme ferrovaire
Parmi les 10 candidats à l’élection présidentielle, 6 ont répondu au courrier qui leur avait été envoyé : François Hollande, Eva Joly, Nicolas Dupont-Aignan, Jean-Luc Mélenchon, Nathalie Arthaud et Marine Le Pen. A ce jour, Nicolas Sarkozy, François Bayrou, Philippe Poutou n’ont pas donné leur réponse. Jacques Cheminade n’a lui pas été contacté par l’AVUC.

François Hollande
Le candidat du PS a indiqué dans son courrier faire des transports ferroviaires au quotidien une priorité de sa politique des transports. «Je m’engage à renouveler au minimum 1000 kilomètres par an de voies ferrées existantes pour remettre à niveau le réseau ; à pérenniser et à moderniser les trains Intercités (ex-Corail et Téoz), parce qu’ils sont utilisés quotidiennement pour relier les territoires entre eux. Le rôle de ceux-ci est essentiel pour l’aménagement et la desserte des territoires, et la capacité de se déplacer des populations qui habitent en dehors des agglomérations urbaines» a-t-il Il précisé. Il souhaite également mettre en place une «tarification solidaire» basée sur les revenus de chaque ménage plutôt qu’une tarification basée sur le statut de chaque usager dès le 1er janvier 2014 dans toutes les agglomérations de 100 000 habitants. Pour la gestion même des rails français, il écrit «La France a pris des engagements au niveau européen et elle devra donc adapter sa législation de sorte à permettre d’attribuer les contrats de service public ferroviaire après une mise en concurrence. Pour autant, je m’opposerai fermement aux projets de la Commission européenne d’imposer à la hâte la mise en concurrence sur l’ensemble des services ferroviaires, car je pense que cela mettrait en péril ce service public et notamment l’équilibre des dessertes sur notre territoire». Il souhaite également redonner leur place à l’Etat et aux Régions dans le pilotage du système ferroviaire «de sorte que les opérateurs aient des objectifs clairs de développement du service public.» Pour cela, il engagera - s’il est élu - une réflexion le cadre de la 3ème étape de la décentralisation.

Eva Joly
La candidat écologique est elle favorable à la mise en place d’une indemnisation systématique des abonnés dès lors que les retards et les suppressions de trains dépassent les seuils prévus aux conventions d’exploitations entre les régions et la SNCF. «Je m’engage à proposer aux parlementaires un retour à une TVA à 5,5 % sur les billets de trains, tout particulièrement s’agissant des abonnements utilisés principalement pour des déplacements domicile/travail… ». Des abonnements qu’elle souhaite également à des tarifs accessibles. Les relations SNCF/Usagers sont également au cœur de son programme «Je m’engage à demander le renforcement des obligations en matière de concertation préalable à tout changement d’horaire, tant avec les collectivités territoriales qu’avec les représentants des usagers, des entreprises, des établissement d’enseignements… ; ces concertations devront être alimentées par des études détaillées de l’impact que ces changements sont susceptibles d’avoir sur le quotidien des citoyens concernés.»

Nicolas Dupont-Aignan
Pour Nicolas Dupont-Aignan, «le choix de grands projets pharaoniques tend à détourner les investissements de l'essentiel, les dépenses nécessaires pour faire fonctionner le réseau existant. » Il souhaite donc rediriger les investissements sur le réseau existant (RER notamment) ainsi que sur le développement des lignes d’autobus locales, notamment en lointaine banlieue afin de «régénérer et moderniser notre réseau ferré classique et de soutenir les transports en commun». «Les transports publics s'adressent à tous les Français, mais nous savons aussi que pour beaucoup d'entre eux, il s'agit du seul moyen de transport à leur disposition. Ainsi, les tarifs des abonnements doivent prendre en compte la stagnation du pouvoir d'achat en cette période de crise économique et être, à ce titre, soumis à un véritable contrôle». Le candidat à l’élection présidentielle est également partisan d’une simplification de la gouvernance du système ferroviaire par la fusion entre RFF et la SNCF et opposé à l’ouverture à la concurrence du transport ferroviaire «parce que les nouveaux acteurs ne se lanceront que sur les lignes les plus profitables, ce qui se ferait au détriment des plus petites lignes », explique t-il.

Jean-Luc Mélenchon
Pour le candidat du Front de Gauche, le transport ferroviaire doit être renforcé afin de représenter une alternative à la voiture. Dans sa réponse, le parti de Jean-Luc Mélenchon indique également «il est inconcevable que voir certaines zones non desservies ou au moins bien desservies sous prétexte que ce n’est pas rentable ». La satisfaction de l’intérêt général sera au cœur de son projet. «C’est pourquoi nous ferons cesser les fermetures des gares en milieu rural et engagerons un programme de réouverture» est-il écrit. Il souhaite également que la SNCF reste un service public et qu’elle ne soit pas ouverte à la concurrence. «La libéralisation est une fausse bonne idée pour développer les transports à moindre frais pour l’Etat» est-il précisé dans la lettre.

Nathalie Arthaud
Dans sa réponse à l’AVUC, la candidate de Lutte Ouvrière dénonce le manque de personnel et d’investissements dans l’entretien des voies et du matériel, et plus particulièrement sur le réseau secondaire. Selon elle «à la recherche de rentabilité, la SNCF délaisse le réseau secondaire, celui qui est utile à la population, pour privilégier le réseau à grande vitesse…» et appelle les usagers à se mobiliser pour "que l'argent public aille aux servies publics".

Marine Le Pen
Franck Briffaut a répondu au courrier de l’AVUC en qualité de Conseiller Transport de la candidate du Front National. Le parti d’extrême droite souhaite que les usagers soient indemnisés sur la base de barèmes clairement détaillés en fonction de la gravité du préjudice, de la répétitivité des dysfonctionnements et du niveau de responsabilité de l’opérateur (SNCF ou autre). «Compte-tenu de l’organisation actuelle du système ferroviaire, nous pensons même que les régions devraient pouvoir directement contractualiser avec RFF pour tout ce qui concerne les infrastructures ce qui permettrait de faire indemniser les usagers directement par RFF lorsque les causes de dysfonctionnement seraient imputables à l’infrastructure» ,explique t-il.
Parmi les autres propositions :
- la fixation d’un cadre réglementaire qui déterminera les structures ainsi que le périmètre du service public, le positionnement et les responsabilités des acteurs publics ou/et privés, le ou les modèles économiques.
- la création d’une structure commune chargée de coordonner et d’harmoniser les différentes politiques de transports mises en œuvre en région (structure regroupant les opérateurs régionaux, départementaux, communaux et intercommunaux)
- Indexer les bonus/malus appliqués à la SNCF dans le cadre des conventions d’exploitation TER, en fonction du respect des indicateurs de qualité (ponctualité des trains, services en gare …) établis par axe, avec dispositif de retour vers les usagers.
- Au titre de l’aménagement du territoire et concernant le fret, la région doit pouvoir aider à la mise en oeuvre d’opérateurs fret de proximité permettant de massifier les flux ferroviaires à des coûts plus compétitifs.
- A propos des gares, la mise en place d’un schéma national d'aménagement des gares et préparer sa déclinaison à l’échelon régional.
- achever le renouvellement du parc, aller vers une plus grande standardisation et une plus grande modularité comme cela se fait pour les tramways.