Les contrôleurs doivent faire du chiffre à la SNCF

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Les contrôleurs SNCF seraient soumis à des objectifs chiffrés durant leurs contrôles, c’est en tous cas ce qu’affirme le Parisien dans son édition du 31 mai. Le quotidien s’appuie sur un document interne, où il est explicitement demandé aux contrôleurs d’atteindre «quatre affaires par jour». Les objectifs vont plus loin, et demandent aux agents d’encaisser davantage de paiements directs, à bord du train. Avec les dérives collatérales que cela implique.

Les contrôleurs doivent faire du chiffre à la SNCF
La compagnie ferroviaire conteste les informations du Parisien, mais les détails fournis par le journal sèment le doute chez les voyageurs. Le quotidien dit s'appuyer sur une "note confidentielle" adressée en avril à tous les agents de la direction d’un établissement commercial train. Les contrôleurs seraient expressément invités à atteindre 50 euros au moins par jour, en encaissant directement 41% des PV.
Les informations vont faire débat, même si la levée de bouclier face à ces objectifs relève d’une certaine hypocrisie. Les contrôleurs évoquent en effet une "règle officieuse", des consignes orales, en vigueur depuis plusieurs années. En tout état de cause, on pouvait effectivement supposer que la politique de lutte anti-fraude sur laquelle la SNCF a décidé de mettre l'accent allait passer par de telles incitations aux résultats.
Mais l'affaire prend une autre ampleur quand l'on s’attarde sur les effets pervers du système : les gratifications accordées aux "bons élèves" pourraient ainsi atteindre jusqu'à 400 euros supplémentaires par mois, et même jouer sur l'avancement. Dès lors, les contrôleurs seraient tentés de miser sur les amendes "rentables", qui passent par des paiements directs, et laisser passer des fraudes moins intéressantes. La politique du chiffre aboutirait ainsi à des contrôles à deux vitesses, dont le voyageur ne sort pas gagnant, ni la SNCF grandie.