Les leçons à tirer d’une crise aérienne sans précédent

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Il ne faut pas être grande clerc pour constater que, sans attendre la remise en ordre complète de l’espace aérien, de plus en plus d’acteurs demandent des comptes. Les compagnies aériennes et leurs pilotes, pour commencer. Les voyageurs eux-mêmes, très échaudés par ce principe de précaution qui les a bloqués ici ou là. Et sans […]

Il ne faut pas être grande clerc pour constater que, sans attendre la remise en ordre complète de l’espace aérien, de plus en plus d’acteurs demandent des comptes. Les compagnies aériennes et leurs pilotes, pour commencer. Les voyageurs eux-mêmes, très échaudés par ce principe de précaution qui les a bloqués ici ou là. Et sans doute très vite leurs entreprises, qui ont du faire face à des surcoûts importants. L'addition va sans doute être salée.
Les compagnies aériennes ont été les premières à monter au créneau, individuellement et par la voix de leur association, Iata, ou encore celles de leurs pilotes. Pour tous, et c'est le cœur de la polémique, il faut aller au-delà du principe de précaution et, devant l’ampleur des conséquences humaines et financières d’un tel blocage, ne le mettre en place que sur des bases physiques, chimiques, des mesures techniques concrètes. Sans doute. Mais faute de l’instance indispensable pour réaliser ces études, c’est donc bien le principe de précaution qui a été mis en branle, à toute vitesse. Sans doute avec excès, mais si un avion s’était crashé, les réacteurs bloqués par ces cendres abrasives, que n’aurait-on entendu !

La crise démontre une chose, l’absence de l’Europe sur ce dossier. Eurocontrol n’est rien d’autre qu’un organisme de coordination des espaces aériens, à peine. Devant un risque, quel qu’il soit, il faudrait bien une instance autre que des ministres pour analyser ce risque, et prendre les décisions, sans excès mais sans faiblesse. Et il va y avoir urgence à bouger pour le créer, cet organisme : la dernière fois que l’Eyjafjöll est entré en irruption, il a été actif pendant treize mois. Et il a provoqué le réveil de son voisin Katla, beaucoup plus gros, situé à une vingtaine de kilomètres. Il va sans doute falloir surveiller la bête de près. Et bloquer peut être encore, si besoin. Mais analyses scientifiques en mains, cette fois. Avec, pourquoi pas, des avions renifleurs ! Preuve que la théorie des particules élémentaires est encore plus complexe que jamais.

Hélène Retout