Les risques du métier de voyageur d’affaires

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La sécurité est devenue un véritable leitmotiv pour les entreprises qui envoient leurs salariés à travers le monde. Bien sûr, il y a une obligation légale mais bien au-delà, les images télévisées de ces derniers jours nous ont rappelé les risques d’un monde qui est loin d’être serein.

Les salariés d’Areva libérés, il reste encore 7 otages français dans le monde : Serge Lazarevic et Gilberto Rodriguez Leal au Sahel, Francis Collomp au Nigeria, et quatre hommes en Syrie, Didier François, Edouard Elias, Nicolas Hénin et Pierre Torrès. Les 3 premiers étaient des voyageurs d’affaires, les 4 de Syrie également mais d’un autre genre, puisqu’ils sont journalistes. Ils se déplacent professionnellement mais ne sont pas là pour faire des affaires, leur rôle est de témoigner de ce qui se passe, de rapporter au monde. C’est ce qui fait d’eux des cibles : Ghislaine Dupont et Claude Verlon, les envoyés spéciaux de RFI, ont manifestement été assassinés parce qu’ils allaient raconter au monde ce qu’ils avaient vu. Avec professionnalisme, talent et humanité, je me permets de le dire parce que je suis fière d’avoir travaillé avec eux, dans une autre vie.

Les voyageurs d’affaires plus classiques se sentent généralement moins en danger. Ils vont rarement dans des terrains de guerre, l’Europe est la première destination des déplacements professionnels des Français. Il reste que ce sont pourtant des cibles, eux aussi. Parce qu’ils représentent un pays ou une entreprise dans des pays qui ne leur sont pas forcément favorables, une monnaie d’échange dans des pays aussi compliqués que le Niger ou le Nigeria, un portefeuille sur pattes dans les pays émergents et, plus globalement, une potentielle richesse à dérober dans tout pays de passage, sécurisé ou non. Un étranger qui maîtrise moyennement la langue et les usages constitue forcément un intérêt pour un voyou.

Il n’y a pas plus de danger à se déplacer à Berlin qu’à traverser la rue à Paris. Il n’y en a pas moins non plus. Ghislaine et Claude n’étaient pas des têtes brûlées. Ils ne se mettaient pas en danger, ne sortaient pas la nuit, vérifiaient leurs contacts et n’affichaient pas leurs logos. Du B.A. BA de sécurité que les voyageurs d’affaires doivent maîtriser. Les Directeurs de sécurité des grands groupes ont fort à faire pour préserver les salariés de leur employeur, les voyageurs d’affaires des PME-PMI - les plus nombreux - sont loin de connaître toutes les ficelles de base.
Et vous ?

Annie Fave