Les voyageurs d’affaires français sont les plus doués à table !

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Si vous êtes un ou une habitué(e) de ces éditoriaux matinaux, vous savez que fréquemment nous reprenons ici les informations publiées par l'institut du comportement de l'université de Tokyo. Certaines de ces enquêtes sont parfois loufoques, d'autres particulièrement techniques mais dans tous les cas elles nous renseignent sur des aspects de notre vie qu'il nous arrive très rarement d'étudier. Ces chercheurs se sont penchés sur un sujet capital : comment définir le goût et en quoi est-il propre aux pays d'origine des gastronomes ?

Autant le dire d'emblée, il n'y a pas de réponse très claire à ces deux questions. Certes, les chercheurs reconnaissent que l'éducation participe pour beaucoup à la découverte des saveurs et des goûts. Mais au-delà, ils avouent également qu'ils ne savent pas très bien si tout cela tient de la génétique, de l'éducation ou de l'habitude alimentaire. Seule certitude, les Français seraient bien en avance sur tous les autres peuples en matière de gastronomie. Je dois reconnaître que si notre ego s'en sort gonflé. Premier constat de nos amis japonais, la diversité de la nourriture française conduit tout naturellement à une découverte des goûts dès notre plus jeune âge. Un bon point. Autre remarque, notre vision épicurienne et latine de la vie nous conduit à essayer beaucoup d'aliments différents avec une bienveillance toute naturelle. Enfin la France, située au carrefour de l'Europe du Sud et du Nord, a bénéficié de toutes les influences culinaires et s'est ouverte très tôt vers l'innovation et la recherche gastronomique. Jusque là tout va bien. Mais ce savoir-faire un revers. Notre chauvinisme gastronomique est légendaire dans le monde, tout comme notre tendance à vouloir donner des leçons de cuisine dans les pays où nous passons. Car au final, ce sont principalement les voyageurs d'affaires qui portent le fleuron de notre savoir faire à table. Il est vrai, tant par politesse que par diplomatie, ils se prêtent plus souvent à toutes les expériences en matière de déjeuner ou de dîner. Ils répondent volontiers aux questions sur le vin ou les alcools produits dans l'Hexagone et commentent les fromages et les plats qui surprennent leurs hôtes étrangers. Bref, ils sont indirectement les portes-parole de notre savoir-faire en matière d'alimentation et véhiculent quotidiennement cette image qui veut que le français «sait mieux manger que les autres ». Et pour conclure, nos chercheurs sont formels, le goût est affaire d'expérience et de curiosité. Deux qualités qui, une fois de plus, m'apparaissent essentielles dans le cadre des déplacements professionnels. Mais est-on aussi fort en commerce international et en technologie de pointe qu'en Bourgogne, Bordeaux, foie gras ou fromages ? Là est toute la question.

Marcel Lévy