Lire, mais pour quoi faire ?

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Faut-il y voir le signe d'un nouveau conflit des générations ou simplement l'expression d'une époque placée sous le signe du digital ? Toujours est-il que le livre n'est plus le meilleur ami du voyageur d'affaires. De très récentes études démontrent que la lecture est souvent jugée ennuyeuse par les 20 -35 ans qui préfèrent les BD ou les mangas aux grands classiques de la littérature française. Récemment, Barnes et Nobles, le plus grand réseau de librairies aux Etats Unis, a tiré la sonnette d'alarme en affirmant que les jeunes fréquentaient de moins en moins ses magasins. Un signe ?

L'inquiétude des libraires est confortée par une étude de la BTA. La Business Traveller Association a en effet publié en 2011 une enquête réalisée auprès de 450 membres et dont le thème était simple : lisez-vous pendant un voyage d'affaires ? Si oui, comment ? Comme d'habitude, il ne s'agissait pas d'un sondage aux valeurs scientifiques mais d'un simple thermomètre sur les habitudes des voyageurs pendant leurs déplacements. Comme on pouvait s'y attendre, la lecture n'est pas la première activité du voyageur d'affaires. D'autant plus, que selon l'âge, il fait appel à des outils numériques plus dans le ton de l'époque. On a cru, il y a deux ou trois ans, que l'e-Book aller tout naturellement prendre le relais du bon vieux livre papier aux pages écornées. Le géant Amazon avait même lancé son Kindle dont le succès fulgurant des premiers jours avait laissé croire aux analystes que l'iPad allait être en danger. Mais même pour les plus de 45 ans, le livre reste source de plaisir mais pas forcément pendant un voyage d'affaires, où le temps est compté et le travail très présent. Au final, quelque soit l'âge, on constate que si les tablettes sont devenues les véritables vedettes du voyage d'affaires, c'est principalement pour la musique ou la vidéo. Plus de 55 % des personnes interrogées aux USA affirment qu'elles iront plus facilement vers un magazine ou un quotidien numérique pendant leur voyage. Pour autant, 44 % affirment qu'ils ne sont pas opposés à la lecture sur tablettes et qu'ils ont déjà en mémoire un ou deux ouvrages. De plus, pendant un voyage, on lira plutôt ce qui est proche des activités professionnelles : un rapport, un dossier urgent voir même les mails en retard. Enfin, beaucoup affirment que le faible écart entre le prix d'un livre "papier" et sa version numérique n'incite pas à faire l'acquisition des derniers best-sellers sur une tablette. Bref, on l'aura compris, on lit moins ! Rien de bien nouveau sous le soleil même si certaines entreprises américaines, certains aéroports européens, voir certaines chaînes d'hôtels viennent de mettre en place des bibliothèques à emporter. Comme le pratiquent certaines gares SNCF en France, le voyageur emprunte un livre à Amsterdam, le laisse à Bangkok ou le rapporte à son prochain passage. D'autres vont même jusqu'à enrichir ces bibliothèques « itinérantes» au titre de la diffusion du savoir. Une bonne idée à développer, même dans le hall de votre entreprise !

Hélène Retout