Location de voiture: l’éclatement du modèle d’affaires

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Nouvelle publication du Réseau Québécois "Veille en tourisme". L'analyse du marché Nord Américain réalisée par Claudine Barry donne une tendance intéressante sur l'évolution des habitudes commerciales qui se mettent en place dans les entreprises.

Location de voiture: l’éclatement du modèle d’affaires
L’adoption de comportements plus écologiques nous amène à repenser notre rapport à l’automobile, souligne cette enquête. Des initiatives sont nées de cette remise en question et transforment aujourd’hui le paysage de l’industrie automobile ainsi que celui de la location de voiture. Le covoiturage, les services d’autopartage, l’échange d’automobiles, la location de voitures hybrides ou encore entièrement électriques occupent de plus en plus de place dans ce marché. Les manières de louer une voiture pour une courte durée sont désormais nombreuses et diversifiées. Les possibilités touristiques aussi.

En 1999, on dénombrait neuf grandes entreprises de location de voiture en Amérique. Au cours des dix années qui ont suivi, une vague de concentration a réduit le nombre de joueurs. En 2009, ils étaient quatre: Avis-Budget, Hertz, Dollar-Thrifty et Enterprise Rent-A-Car. En janvier dernier, Avis-Budget négociait une entente visant à acquérir Dollar-Thrifty. Beaucoup d’entreprises indépendantes tirent aussi leur épingle du jeu par le phénomène de la longue traîne (long tail) (Lire aussi: Le voyage déploie sa long tail (compte rendu de conférence)). À titre d’exemple, le portail Web carrentalexpress.com propose quelque 300 agences de location indépendantes dans de nombreuses villes du monde.

L’autopartage: une formule qui fait des petits

Né de la volonté de réduire la circulation automobile et les émissions de gaz à effet de serre ainsi que de la volonté d’utiliser les ressources de façon plus efficace, l’autopartage remporte beaucoup de succès. La firme d’étude de marché Frost & Sullivan estime que, d’ici 2016, ce marché s’élèvera à six milliards USD par année, dont la moitié aux États-Unis, et qu’il comptera dix millions d’usagers.

Ce service met à la disposition de ses membres un parc d’automobiles réparti à travers la ville, moyennant un coût annuel d’abonnement. L’abonné réserve une voiture en ligne ou par téléphone, pour une demi-heure, une heure ou plus, souvent à faible coût et en prend possession à la station de son choix, en libre-service, c’est-à-dire sans la présence d’un préposé. Les usagers de voitures libre-service bénéficient parfois de certains avantages, comme des espaces de stationnement avantageux exclusifs.

Communauto a été la première entreprise d’autopartage à voir le jour en Amérique du Nord. Elle regroupe aujourd’hui plus de 20 000 membres qui peuvent louer des véhicules à Québec, à Montréal (incluant Laval et la Rive-sud), à Gatineau, à Trois-Rivières et même à Ottawa grâce à une entente avec Virtucar, le service d’autopartage de la capitale. Comme de nombreuses autres entreprises d’autopartage, Communauto fait partie de la CarSharing Association, dont l’un de ses objectifs consiste à développer des formules d’abonnements conjoints entre les entreprises membres. Voilà un aspect fort intéressant d’un point de vue touristique.

Aux États-Unis, c’est l’entreprise Zipcar qui détient la plus grande part de marché. Elle regroupe 500 000 usagers, près de 9 000 voitures réparties dans 14 grandes villes, dont Vancouver et Toronto, les seules au Canada. Là aussi, un membre peut louer une voiture Zipcar dans n’importe quelle ville.

Le phénomène prend tellement d’expansion que des locateurs traditionnels adoptent la formule et créent leur propre filiale d’autopartage. Hertz met sur pied le programme Connect by Hertz, Avis-Budget développe la filiale Okigo, Enterprise Rent-A-Car lance WeCar; bref, les services d’autopartage se multiplient.

Des voitures «branchées»

Location de voiture: l’éclatement du modèle d’affaires
La demande pour les voitures hybrides et électriques incite les entreprises de location de voitures à ajuster leur offre. Par son service d’autopartage Connect by Hertz, l’entreprise Hertz déploie depuis décembre 2010 une flotte de voitures électriques – SmartFortwo Electric Drive – à New York qui dispose de plus d’une centaine de prises électriques spécialement dédiées à la recharge de batteries d’automobile. D’autres villes seront desservies en 2011. Après le Vélib’, Paris propose son service Autolib’, qui, dès septembre 2011, mettra à la disposition des abonnés une flotte de voitures électriques, disponibles sans réservation, en libre-service.

Et les hôtels s’apprêtent à accueillir ces nouveaux «visiteurs branchés». Hertz a récemment développé un partenariat avec Starwood Hotels & Resorts pour rendre disponibles ses véhicules électriques dans les établissements haut de gamme du groupe hôtelier. Par ailleurs, les centres Sheraton de Montréal et de Toronto sont les premiers hôtels au Canada à offrir des bornes de recharge pour véhicules électriques. Tous pourront en profiter.

De nouvelles voies

Outre le modèle de location traditionnel, on observe ainsi une multiplication des possibilités pour le consommateur. Voici quelques initiatives originales.

Le combo train-auto, un forfait proposé par Communauto et VIA Rail Canada, permet au voyageur de se rendre à destination (Montréal-Québec ou Montréal-Ottawa, aller-retour) par train et de se déplacer en voiture une fois sur place.

En France, Ucar et Comuto – éditeur de covoiturage.fr – lançaient récemment une offre intégrant location et covoiturage. Le principe consiste à louer une voiture et à vendre les places libres à des covoitureurs. On donne l’exemple de Paris-Reims à 75 euros en location classique, qui revient à trois euros seulement pour le conducteur lorsque les trois autres passagers contribuent aux frais de location à raison de 24 euros chacun.

En novembre 2010, des voitures Mini Cooper S Clubman incluant les services d’un chauffeur pour trois heures ont été mises à la disposition des clients qui séjournaient en suite dans les hôtels Peninsula à New York et à Chicago.

La location entre particuliers est maintenant grandement facilitée grâce aux sites Web comme Voiturelib’ ou Drivemycar qui créent le lien entre les propriétaires de voitures et ceux qui souhaitent en louer.

Enfin, les considérations environnementales, économiques et pratiques devraient favoriser la location de voiture à l’avenir. C’est probablement la multiplication des formules en fonction des besoins qui rythmera l’industrie au fil des prochaines années.


Les sources de cet article:
- Glusac, Elaine. «The Peninsula’s New Fleet: the Mini Cooper», The New York Times, 6 décembre 2010.
- Martinez, Nate. «Hertz to rent Smart Fortwo Electric Drive in Sf, NYC and DC», Motor Trend, 6 décembre 2010.
- Marzloff, Léa. «Ucar-Comuto, le covoiturage en réseau», Groupe Chronos, 14 novembre 2010.
- Mc Kenna, Alain. «L’autopartage: l’avenir de l’industrie automobile?», Sympatico.ca Autos, 19 janvier 2010.
- «NOUS OUVRONS LA VOIE – Le Centre Sheraton Montréal et le Sheraton Centre Toronto Premiers hôtels au Canada à offrir des bornes de recharge pour véhicules électriques», CNW, 7 décembre 2010.
- Print Measurement Bureau (PMB), 2005 et 2010.
- The Economist. «Drive my car», 9 octobre 2010.
- The Economist. «Un volant quand vous en avez besoin», Les Affaires, 30 octobre 2010.
Le Réseau de veille en tourisme est un organisme spécialisé dans la veille stratégique en tourisme. Il a été créé par la Chaire de Tourisme Transat de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal, le 30 janvier 2004, grâce au soutien financier de l’agence de Développement économique du Canada pour les régions du Québec et de Tourisme Québec