Loi sur le «Renseignement», quelles conséquences sur les voyages d’affaires?

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Présentée ce 13 avril aux députés, le projet de loi sur le «Renseignement» qui autorise l’écoute des portables et le suivi des boites mail et des accès internet n’aura pas été fortement contestée à l’Assemblée Nationale. Ce texte, décidé dans l’urgence après l’attentat contre Charlie hebdo, répond à point nommé aux attentes de la police. Mais ce texte conçu à l’origine pour suivre le grand banditisme s’attaque désormais à la correspondance de tous les Français. Danger ou non ?

Après le PNR (Passenger Name Record) qui va conduire à l’enregistrement des datas privées pour tous les passagers, le projet de loi sur le «Renseignement risque bien de bousculer les libertés individuelles. Pour Hervé Morin, député UDI et membre de la Commission des lois : «ce texte s’apparente bien à un Patriot Act à la française même si on ne va pas aussi loin que les Américains». Pour le député, «de nouvelles garanties doivent être apportées».

Si des amendements viennent protéger le travail des journalistes ou la mise en œuvre d’un outil de protection personnelle des données, une partie du texte pourrait, selon les députés du front de gauche «être aisément détournée pour accéder à des données professionnelles». Dans les faits, les textes permettent de suivre l’itinéraire professionnel d’un voyageur en croisant les données issues de sa carte bancaire, de ses appels téléphoniques, de ses réservations hôtelières sur le net voire même de ses réservations de billets d’avion via une compagnie française.

Mais plus que le tracking, c’est la gestion des informations obtenues qui inquiètent. «En fouillant dans les ordinateurs, les policiers peuvent aussi accéder à des informations commerciales secrètes. Nul ne peut dire qu’un policier ne subira jamais la tentation», commentent discrètement plusieurs députés, toutes couleurs politiques confondues.

Si le texte est voté en l’état, il est clair que les pouvoirs donnés à la police auront de quoi inquiéter d’autant que s’équiper d’un VPN ou d’un FAI à l’étranger ne supprime pas la liaison filaire du domicile au nœud de connexion internet qui, lui, est parfaitement "monitorable" avec la nouvelle loi. Voilà qui va faire réfléchir sur l’utilisation des nouvelles technologies mobiles.