Malheur aux politiciens, surtout à la veille du second tour des régionales

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Quoi qu’on en pense, lorsqu’il y a négociation, il y a toujours compromis. Il en est ainsi depuis des siècles, depuis que le pouvoir guide les hommes et que certains d’entre eux font tout pour ne jamais le perdre. Ce qui est le plus étonnant, dans les commentaires actuels des journalistes politiques, c’est que ce […]

Quoi qu'on en pense, lorsqu'il y a négociation, il y a toujours compromis. Il en est ainsi depuis des siècles, depuis que le pouvoir guide les hommes et que certains d'entre eux font tout pour ne jamais le perdre. Ce qui est le plus étonnant, dans les commentaires actuels des journalistes politiques, c'est que ce fameux compromis ressurgit souvent à la veille d’élections importante mais reste tapis dans l’ombre pendant des années… Jusqu’au bon moment.
Notre propos n’est certainement pas de nous mêler de politique mais de nous préoccuper d’un aménagement du territoire dont les régions sont -en partie- responsables et dont dépendent -pour beaucoup- les facilités du voyage d’affaires. Les discussions en cours entre les partis politiques qui dirigent actuellement les régions et ceux qui peuvent les aider à conserver ce pouvoir conduisent toujours à des situations étonnantes. Ainsi Parti Socialiste et Europe Ecologie sont arrivés à des accords fragiles sur des points qui peuvent à long terme apparaître comme pénalisants pour l'activité économique d'un pays. J'en veux pour preuve trois exemples. Le premier, en Aquitaine, concerne la ligne à grande vitesse demandée par les entreprises et attendue par les utilisateurs. Certes, il faudra que la région débourse 800 millions d'euros pour que le projet puisse enfin voir le jour. Sur ce sujet, les deux « parties », sans même tenir compte de l'attente de la population, restent en désaccord sur la marche à suivre. Europe Ecologie veut un aménagement des lignes existantes et un développement du réseau local qui ne correspond économiquement à aucune réalité. Le PS soutient le projet LGV et ne veut aucun compromis sur le sujet.
En région Centre, l'aéroport de Tours a été l'enjeu d'une bataille qui a clairement visé Ryanair, dont les méthodes sont contestables. Mais le simple fait d'arrêter les subventions versées à la compagnie irlandaise condamne de fait cet aéroport. Est-ce une bonne idée ? Nous le verrons bien. Même cas de figure en Pays de Loire où le transfert de l'aéroport de Nantes vers Notre-Dame des Landes reste un casus belli pour les deux partis arrivés en tête au premier tour. Pour ne pas trahir les électeurs, et pour respecter des engagements politiques qui reposent parfois sur la démagogie plus que sur l'utilité, ce projet pourrait bien connaître d'importantes difficultés.
Que faut-il faire ? Où commence l'intérêt politique et où finit l'intérêt public ? C'est incontestablement l'une des questions importantes qu'il faudra poser aux futurs Présidents de région. Car finalement, la couleur du parti n'a aucune importance. Nous aurions pu écrire la même chose si les vainqueurs d’hier n’avaient pas été les vaincus d’aujourd’hui.
Se battre pour des idées est respectable. Mais ne pas les faire avancer ou les défendre par principe contre vents et marées peut apparaître aussi comme une preuve de faiblesse. Car au final, c'est l'entreprise locale qui fournit l'emploi et c'est elle qui utilisera les trains et les aéroports indispensables à l'activité économique. Faut-il alors compromettre cette fragile chaîne au seul bénéfice d’un programme coulé dans le marbre par le jeu des compromis ? J’en doute !

Marcel Lévy