Moi aussi, je veux voyager avec Georges Clooney !

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« Il n’y a rien de plus beau qu’un aéroport, rien de plus anonyme et familier à la fois. Rien qui ne peut remplacer ce sentiment de mouvement où chacun d’entre nous est une pièce emportée par la masse, façonnée par les lieux ». Difficile de voir dans cette ode au transport aérien que l’on […]

« Il n’y a rien de plus beau qu’un aéroport, rien de plus anonyme et familier à la fois. Rien qui ne peut remplacer ce sentiment de mouvement où chacun d’entre nous est une pièce emportée par la masse, façonnée par les lieux ». Difficile de voir dans cette ode au transport aérien que l’on doit à Jason Reitman, le réalisateur de In The Air, la réalité quotidienne d’un voyageur d’affaires levé à l’aube et poireautant dans la lumière blafarde d’Orly ou de Roissy. Sorti hier mercredi sur les écrans, son film met en vedette un homme cynique qui voyage plus de 300 jours par an et pour qui le salon business est une seconde maison, attachante et chaleureuse.
L’histoire du film, adaptée du livre de Walter Kirn, raconte la vie d’un hyper voyageur, amoureux du mouvement, obnubilé par les Miles et grand collectionneur de cartes privatives en tous genres ! Son job : virer les salariés à la place de patron un peu gêné ou incapables de le faire. Ryan Bingham, c’est le nom du héros joué par Georges Clooney, n’a pas d’autres but que d’être le premier homme à atteindre les 10 millions de Miles. C’est un objectif. Un graal que rien ne doit perturber. Ni les femmes, ni son job. Dans cette vie bien rodée, arrive Natalie qui veut moderniser le travail, développer la vidéoconférence. Le pire qui puisse arriver à ce forcené de voyages. On devine l’histoire.
Si la comédie est enlevée, rapide, grinçante, elle met en avant cette vie de voyageur, ses craintes, ses astuces. Clooney/Bingham ne se met jamais derrière des « vieux » pour passer la sécurité. Trop lents, effrayés et peu habitués. Il préfère les japonais, qui voyagent légers et sans lacet aux chaussures. Plus rapide ! Idem pour sa valise, pour le choix de son comptoir d’enregistrement…Tous les détails sont faits d’expérience et viennent rappeler au spectateur que voyager peut-être un art ou un cauchemar. Certes, il y a parfois de l’exagération dans cette vision quasi idyllique de la business class et de son lot d’avantages mais ce que le film souligne c’est la solitude du voyageur d’affaires. Une immersion dans un univers où côtoyer du monde ne suffit pas à le connaître. Ce qui apparaît facile à vivre est fait de volonté, voire de résignation. In The Air ne restera pas forcément dans les annales du cinéma mais il aura permis à certains d’approcher ce monde du voyage d’affaires qui, sous ses allures débonnaires, se révèle bien plus difficile que ne le laissent croire des hôtesses charmantes et des chambres d’hôtels anonymes.

Hélène Retout