Ne dites pas que vous avez mal au ventre, vous resterez coincé au fond de l’avion

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On a connu le SRAS, la grippe aviaire, la grippe porcine, la grippe AH1N1, quelques épidémies diverses et variées, donc. Et les voyageurs d'affaires ont appris à se faire palper, tester, vacciner aussi. Tout cela sous l'œil vigilant de leur gestionnaire de voyages, pas vraiment candidat à assumer une épidémie dans ses services. Voilà qu'en plus, maintenant, il va falloir apprendre à se taire, et serrer les dents. J'ai dit les dents.

Si le stoïcisme est devenu ma nouvelle religion, c'est à la suite de l'aventure des passagers du vol TAP entre Lisbonne et Toulouse, dimanche matin. Un passager, pris d'une envie pressante, s'est rué vers les toilettes dès que le signal des ceintures s'est éteint. Vu sa pâleur à la sortie, l'hôtesse s'est inquiétée de santé. Mais le monsieur ne parlait que le Français, et l'hôtesse que le Portugais. Malentendu, paranoïa: elle a cru que le passager avait le choléra. Affolement de l'équipage et bien que le malade soit médecin et démente toute épidémie, malgré l'avis d'un deuxième toubib qui était à bord, et tout aussi catégorique, le "malade" a été expédié au fond de l'appareil. Ainsi que l'hôtesse, à qui un masque a été imposé, comme à tout le reste de l'équipage. Par mesure de précaution, il n'y a eu aucun service à bord durant le vol d'une heure 45, ni aucune explication aux passagers, quelque peu interloqués. A l'arrivée, quarantaine pour tout le monde. L'avion a atterri à Toulouse à 12h30, c'est vers 15h seulement que les passagers ont pu quitter l'appareil et récupérer leurs bagages. Malentendu puis panique, une vraie recette pour effrayer les voyageurs. Heureusement, il ne s'agissait pas d'un long courrier! Mais la prochaine fois qu'il aura mal au ventre, c'est sûr, le Docteur Ganry sourira de toutes ses dents. Même pas mal !

Hélène Retout