Niger : la sécurité du voyageur n’est pas simple à assurer

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Le meurtre de deux français au Niger a brutalement rappelé que notre pays n'était pas à l'abri de groupuscules terroristes aux intentions autant mafieuses que politiques. Cet acte barbare est loin d'être le dernier et la montée en puissance des groupes islamistes inquiète le Ministère des Affaires étrangères, impuissant à gérer la sécurité des quelques 1500 français toujours installés au Niger. Comme dans beaucoup d'autres pays.

Algérie, Tunisie, Niger, Mali, Mauritanie : autant de risques potentiels pour ceux qui se déplacent professionnellement. L'an dernier, aux Etats Unis, une centaine de voyageurs (dont près de la moitié était en déplacements professionnels) a trouvé la mort au cours d'un séjour à l'étranger. Voilà qui repose l'éternelle question de la responsabilité de l'entreprise face à ses voyageurs d'affaires et des moyens qu'elle doit mettre en œuvre pour protéger son personnel à l'étranger. Le sujet est complexe et bien des vérités exprimées par des vrais (ou faux) spécialistes du domaine sont délicates à appliquer en raison de leurs coûts ou des difficultés du terrain. Pour autant, on sait aujourd'hui que ce problème sécuritaire ne se limite pas aux seuls pays en guerre. Les violences urbaines, les attaques crapuleuses, les prises d'otages économiques sont devenus des risques à ne plus négliger et demandent une vraie formation des voyageurs. Une formation aussi importante que celle (encore limitée) de leur travel manager ou des acheteurs voyages. Incontestablement, les anglo saxons sont plus en avance que nous sur le sujet. Dans les formations commerciales, qui abordent déjà l'univers du voyage d'affaires, sont désormais intégrés 8 heures de cours autour des techniques de prévention à connaître lors d'un voyage d'affaires. Des cours spécifiques selon les continents visités, et qui font l'objet de publications confidentielles dans les entreprises. Les salariés sont bien au fait des risques et formés à une protection personnelle, indispensable à leurs activités professionnelles.

Toutes ces questions sécuritaires ne sauraient être éludées par les autorités politiques. Depuis deux ans, le Quai d'Orsay ne ménage pas ses efforts pour alerter les voyageurs...avec les lacunes politiques que l'on connaît ! Difficile d'être précis sur une destination quand les activités économiques de la France sont fortes dans le pays concerné par une alerte. Cette ambigüité ne pourra être levée qu'avec la création d'une autorité sécuritaire indépendante qui ne craindra pas les foudres des ambassades, des offices du tourisme, des compagnies aériennes nationales... Autant dire qu'elle n'est pas prête de voir le jour. A moins que quelques courageux...

Marcel Lévy