Non, tous les voyageurs d’affaires ne réservent pas un hôtel sur un SBT ou sur un comparateur

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A force de vouloir généraliser, on finit par se demander si il y a d'autres pistes que celles imposées par les gros opérateurs de l'hôtellerie. Il est vrai que les comparateurs ont apporté une fraicheur tarifaire là où l'on se contentait d'une offre restreinte proposée par les TMC. Mais au delà, n'oublions jamais que 60% des voyageurs d'affaires ne sont pas forcément rattachés à un SBT "bien foutu" qui répondra à leurs attentes. Au contraire ?

Voilà quelques semaines, sur un vol long courrier, un cadre d'une importante entreprise, dotée d'une politique voyages et équipée d'un SBT qualifié de "riche", m'expliquait comment il organisait ses voyages. Avec plus de 120 jours sur le terrain et des résultats plutôt bons, il avait fini par imposer ses besoins et non les réponses imposées par son acheteur. Conclusion, si les billets d'avion étaient réservés par son assistante en fonction de ses choix (souvent le meilleur tarif adossé au meilleur horaire en business class), l'hôtel ou la voiture de location tenaient de sa seule décision. Et pour cause, il allait dans un motel calme, à deux minutes à pied de son principal interlocuteur sur place et avait depuis longtemps remarqué, à côté de l'hôtel, la meilleure pizzeria de la côte Ouest. N'insistez pas, il ne m'a pas donné l'adresse du maestro de la sauce tomate. Au final, la nuitée était à 68 euros, soit deux fois moins que la première offre de son SBT. Et non le motel n'était pas dans la liste. Et de me dire, "Je ne vais pas demander d'ajouter cette adresse utilisée à priori par moi seul dans le groupe. Cet hôtel me connait et en deux minutes, ma chambre est réservée quelle que soit la période de l'année". Seule concession à la politique voyages, son assistante sait, heure par heure, où le contacter. Il ne lui cache rien de son programme, y compris les deux ou trois heures pour faire éventuellement du shopping.

Le cas n'est pas nouveau. Il y a un peu plus d'un an, nous évoquions les chambres d'hôtes en ville pour les voyageurs d'affaires. Elles plaisent et se développent tout comme les AirBnB ou les TripHouse. Désormais on ne se refuse aucun choix sous prétexte que l'entreprise ne l'a pas référencé. Autre phénomène, très en vogue chez les jeunes, allez dormir chez des amis. Des potes au bout du monde que l'on est content de croiser le temps d'un déplacement. Pas de notes de frais mais le plaisir d'une bonne soirée passée ensemble. Aussi, on comprend mieux ces jeunes start-up qui travaillent à la création de bases de données comportementalistes pour les voyageurs d'affaires. D'après nos sources, elles arriveront sur le marché dès 2014. Et comme l'idée est bonne, il parait qu'Expedia regarde avec intérêt ces entreprises.

A New York,
Philippe Lantris