OpenSkies : la fin d’un modèle, l’échec d’une idée originale

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En redevenant tri-classes, OpenSkies revient dans les normes commerciales de British Airways. À terme, on peut imaginer qu’il ne restera plus de la compagnie tout business que des slots disponibles à Orly pour la compagnie britannique. Sans doute une offre plus traditionnelle au départ du Sud de Paris, vers les USA, dédiées aux entreprises qui n’aiment pas se rendre à Roissy.

L'idée originale avait de quoi séduire. À l’origine, Marc Rochet, le fondateur de «L'Avion» qui avait déjà prévu une classe économique en complément du tout business, voulait offrir un service différent à un tarif quasi «low cost» vers New York. Une vision construite sur la demande d’un marché qui voulait une business améliorée au prix d’une classe éco. Le pari a été tenu et si la «biz bed» ou la «biz seat» ne voulaient pas forcément rivaliser avec le très haut de gamme de l’offre transatlantique, l'offre disposait du meilleur rapport qualité/prix vers les Etats Unis. Les entreprises ne s’y sont pas trompées en l’utilisant pour leurs déplacements professionnels même si, méfiantes, elles ne se sont pas d’emblée intéressées à un produit pourtant prometteur. D’où vient alors ce demi-échec d’OpensSkies ? On peut logiquement s'interroger sur la viabilité d'une compagnie «low cost» long courrier. On vient de le voir avec Air Asia X : les expériences des compagnies à bas prix sur ce créneau ont toujours été des échecs. Zoom Airlines l’a démontré il y a quelques années. On peut aussi s'interroger sur la business low cost et se demander si vendre une business à aussi bas prix ne faisait pas de l’ombre aux autres compagnies. BA vole d’Orly vers Heathrow, base naturelle de l’autobus des airs, avec un vol par heure vers NY. Le départ de Jean Charles Périno, l’ancien responsable marketing, a démontré que la vision de BA ne passait pas par le développement de nouvelles lignes (comme Washington) mais par une forme de simplification du produit. Éliminer la spécificité d’un produit, c’est normaliser les autres. Enfin, la concurrence vers les USA est si forte que d’avoir un produit si différent dans sa flotte n’est pas forcément une bonne chose. Certes, OpenSkies n’a pas disparu. Son passage en tri-classes n’est sans doute qu’une étape. Mais la fin du tout business marque réellement la fin d’une idée originale voire unique qui n’avait qu’un seul vrai concurrent : un vol tout business de British Airways de Londonc City à Londres vers New York via Shannon. Étonnant, non ?

Marcel Lévy