Opération mains propres

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La pression monte sur les dirigeants d’entreprises : après la polémique sur leurs revenus ou leurs stock-options, ils vont peut-être devoir rendre des comptes sur leurs frais de voyage. En tous cas, c’est ce qui se passe actuellement au Canada et pourrait s’étendre à l’Europe. Vous avez dit «Politique voyage» ? Contrairement à la nouvelle […]

La pression monte sur les dirigeants d’entreprises : après la polémique sur leurs revenus ou leurs stock-options, ils vont peut-être devoir rendre des comptes sur leurs frais de voyage. En tous cas, c’est ce qui se passe actuellement au Canada et pourrait s’étendre à l’Europe. Vous avez dit «Politique voyage» ?
Contrairement à la nouvelle règle sur la rémunération des patrons dont les entreprises ont été aidées par les deniers de l’Etat, il n’y a pas encore de règles en matière de politique voyage pour les mêmes entreprises, chacun étant encore libre de choisir sa règle… quand il y en a une. Bien souvent, même dans les grandes entreprises publiques, c’est la loi du bon sens qui s’impose tout simplement, mais il n’est pas rare de voir des grands patrons prendre l’avion pour se rendre à Londres sans démonstration qu’ils y vont plus vite qu’avec le train, et l’exemple ne vient pas toujours d’en haut.

Les choses pourraient changer à mesure que l’économiquement correct s’installe avec la crise. Au Canada, il y a ainsi une controverse autour des voyages des fonctionnaires et la directrice générale de la politique internationale et de l'intégration à Pêches et Océans Canada a du répondre aux questions d’un comité de la Chambre des communes, où elle était convoquée pour expliquer ses importants frais de déplacement. L’accusation ? S’être rendue un peu partout en classe Affaires, manifestement le comble du luxe. Madame Ridgeway a beau argumenter qu’elle est sur la route pendant 150 jours par an et qu’elle effectue entre 13 et 20 voyages internationaux par an, du Canada en Thaïlande ou du Pérou en Afrique, elle s’est fait cuisiner comme une malpropre. Même en se défendant et en expliquant que cela lui permettait de rattraper son sommeil ou de travailler, rien n’y a fait, il a fallu qu’ une sous-ministre vienne justifier que tous les voyages étaient approuvés, vérifiés et respectaient les lignes directrices du Conseil du Trésor. Faut-il ajouter que les négociations internationales ne sont pas toujours des parties de plaisir ? La dame s’en est sortie avec une simple réprimande, mais il n’y a pas de doute que sillonner le monde développe toujours des jalousies. Et la classe Affaires, aujourd’hui, est suspecte.

Annie Fave