Papa est en voyage d’affaires, son gamin aussi!

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Quel enfant, et beaucoup sont aujourd'hui des adultes, n'a pas entendu cette phrase : "Papa est en voyage, il rentre demain". Elle reste toujours d'actualité et s'associe le plus souvent à un petit cadeau au retour. Une sorte de cause à effet. Les soucis pour le Papa, la babiole pour le bambin. Dans les allées de l'IFTM Top Resa, une responsable des achats dans l'univers de la haute technologie m'a raconté une anecdote croustillante. Jugez plutôt.

Son fils de 12 ans, scolarisé dans une lycée BCBG du centre de Paris et adepte des nouvelles technologies, a sollicité son père, voyageur fréquent en Asie, afin qu'il puisse lui rapporter de Singapour quelques cadeaux numériques, indispensables selon lui à la construction d'une sorte de robot. Et pour parfaire la commande, il a fourni l'adresse du centre où l'on pouvait trouver les composants ainsi que la liste de prix ! La même scène s'est renouvelée pendant plus d'une année. Chaque déplacement était l'occasion de nouveaux achats, de plus en plus conséquents (même si les éléments demandés étaient de taille modeste) et parfois même financés par l'argent de poche ou les économiques du fiston. Bref, son garçon était devenu "fou de techno", de quoi plaire aux deux parents qui travaillent dans cette industrie. L'avenir était tout tracé. Tu seras ingénieur mon fils. Curieux, le père s'est un jour demandé à quoi pouvait ressembler l'objet constitué des éléments rapportés. "Secret", expliquait l'enfant. Autant jouer le jeu. Un matin de juin dernier, voilà nos parents convoqués au lycée. Leur fils se livrait à un commerce suspect dans l'établissement. Il vendait des systèmes permettant de "pirater" je ne sais quels jeux informatiques. Interrogé devant le proviseur, il a déclaré "Il n'y a pas que mon père qui fait des affaires. C'est lui mon fournisseur. Si je pouvais, j'irais moi même à Singapour". Autant vous dire que le commerce "illicite" a cessé séance tenante et que l'été fut un peu plus rude pour le jeune homme. "Mais", me disait sa mère, "il a quasiment tout compris des déplacements professionnels. Il a mutualisé ses achats, anticipé les déplacements et optimisé les voyages de son père pour gérer ses stocks". Finalement, au lieu d'être ingénieur, il serait sans doute meilleur dans le commerce international.

Marcel Lévy