Partager les risques et les coûts, mais le consommateur ?

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Air France et Aéroflot ont signé en grande pompe, ce mardi, un accord de partage de codes qui leur permettra de commercialiser ensemble huit vols quotidiens aller-retour entre paris et Moscou cet été. Les Ministres des transports des deux pays étaient de la partie, champagne, chacun se félicite. Sauf le client qui, lui, ne sait […]

Air France et Aéroflot ont signé en grande pompe, ce mardi, un accord de partage de codes qui leur permettra de commercialiser ensemble huit vols quotidiens aller-retour entre paris et Moscou cet été. Les Ministres des transports des deux pays étaient de la partie, champagne, chacun se félicite. Sauf le client qui, lui, ne sait pas toujours sur quelle compagnie il vole.
Les deux compagnies vont partager les risques et les coûts en ayant chacune des «blocs sièges» sur les appareils de l’autre entre Paris et Moscou. Au-delà de Moscou, Aéroflot emmènera les passagers d’Air France vers 6 nouvelles destinations : Khabarovsk, Novosibirsk, Krasnoyarsk, Irkutsk, Yekaterinburg et Nizhnevartovsk . De son côté la compagnie française emportera les passagers de la compagnie russe de Paris vers 4 destinations qu’elle dessert en France et en Europe : Strasbourg, Lyon, Marseille et Lisbonne. Chacun y trouve son compte : au lieu de mettre deux appareils à moitié vide, on s’entend pour partager un seul avion. Et d’ailleurs on s’entend bien : il y a bien longtemps qu’Air France et Aéroflot coopèrent ensemble et les deux compagnie font partie de la même Alliance, Skyteam, ce qui leur permettra au demeurant de gérer au mieux les programmes de fidélité. Il reste que, toute moderne qu’elle soit, la compagnie Aéroflot n’est pas Air France. On ne s’adresse pas aux équipages dans la même langue, les avions ne sont pas les mêmes, le service non plus. Le passager y trouvera t-il son compte ?

Cette remarque vaut pour tous les accords de «partage de codes» des compagnies, longtemps ignorés du grand public mais bien connus des voyageurs d’affaires. Cette pratique, plutôt logique sur le plan économique, se fait comme une entente entre compagnies, mais quelque peu en se moquant pas mal des passagers. Elle est largement pratiquée par Air France sur de nombreuses destinations, et il n’y a qu’à voir la tête des voyageurs lorsqu’ils apprennent qu’ils vont voler sur Delta Airlines et non Air France, entre New York et Paris par exemple, pour comprendre que toute chose n’est pas égale pour eux. On pourrait même penser que l’entente des compagnies se fait sur le dos des voyageurs : comment, sinon, commercialiser un vol à deux tarifs distincts ? Bruxelles commence à s’intéresser de près à ces pratiques, et pose actuellement beaucoup de questions. Nous serions très intéressés par les réponses.

Hélène Retout