Pas de tresses pour les stewards d’Air France

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Depuis 2004, Aboubakar Traoré, steward au sein de la compagnie, se crêpe le chignon avec sa direction. La raison des tensions : ses cheveux justement. Le journal La Croix rapporte qu’Air France a plusieurs fois refusé que l’employé embarque sur son vol car il arborait des tresses africaines.

Pas de tresses pour les stewards d'Air France
Air France a plusieurs fois depuis 2004 interdit l’accès à ses avions à Aboubakar Traoré, l'un de ses stewards, car il est coiffé de tresses africaines. La compagnie justifie sa décision par le texte de son règlement pour les équipages : «Les cheveux doivent être coiffés de façon extrêmement nette. Classique et limitée en volume, la coiffure doit garder un aspect naturel. Longueur limitée dans la nuque» et «Mèche limitée à mi-front». Bien que la coiffure nattée respecte la longueur demandée, elle n’est pas assez «classique» pour sa hiérarchie. En 2007, après un arrêt de travail d’un an pour dépression, le steward d’origine ivoirienne qui ne peut se résoudre à renoncer à ses nattes, symboles de sa culture et de ses origines, trouve comme solution de porter une perruque pour cacher les tresses pendant les rotations. Il portera le postiche pendant 4 ans et demi, et présente différentes coiffures à sa hiérarchie sans jamais obtenir leur aval. Lassé de la situation, Aboubakar Traoré porte plainte devant la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde) en 2009. En mars 2011, l’institution donne son verdict : sa «coiffure est extrêmement nette et soignée » et elle «ne présente aucun caractère d’excentricité». Pour le volume, elle indique qu'il «ne peut être reproché dès lors que la compagnie accepte (…) que M. Traoré effectue ses vols avec une perruque (…) dont le volume est de fait équivalent voire plus important que celui de son chignon.» Elle conclut «Il apparaît que le véritable motif de la différence de traitement dont fait l’objet M. Traoré découle de l’interprétation faite par la compagnie de l’adjectif "classique" pour définir une coiffure autorisée.» Ainsi la Halde a demandé à la compagnie de «réexaminer les normes de présentation imposées aux personnels» et de trouver un accord avec son employé. Air France a ainsi assoupli les directives de son manuel mais refuse toujours l’accès à ses avions au steward s’il est natté : le 3 avril, Aboubakar Traoré a ainsi été convoqué à un entretien préalable à une sanction disciplinaire où il lui a été indiqué que sa coiffure ne semblait pas assez naturelle. Le steward envisage de porter plainte auprès du Tribunal des prud’hommes de Bobigny pour atteinte à la dignité et discrimination. Une conciliation avec Air France est également prévue le 7 mai prochain.