Passeport électronique, la prochaine étape du voyage d’affaires digital

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Si le projet de passeport sur mobile effraie un peu les responsables européens de la sécurité, sa mise en place pour 2030 reste d’actualité. Sur le principe, à l’image de la carte d’embarquement (mais en plus sophistiqué), ce passeport permettra de franchir les zones de sécurité aéroportuaire sans même sortir son téléphone et surtout, quasiment sans s’arrêter.

A l’origine, les spécialistes étaient persuadés que le système le plus fiable passerait par une double combinaison : passeport digital et puce insérée sous la peau. A chaque voyage, l’utilisateur est alors scanné de la tête au pied, sans qu’il s’en aperçoive, et les données du passeport récupérées par des bornes installées au point d’entrée en zone sous douane. Les deux combinés suffisaient à valider l’identité et la destination du déplacement.

Une puce sous la peau ? Peu y croyaient. A juste titre car aujourd’hui, l’idée est abandonnée et quatre éléments de contrôles biométriques viennent compléter le projet : l’iris, la main, l’oreille et le rythme cardiaque. Pas question d’appliquer les quatre simultanément d’autant que là aussi, une partie de la vérification d’identité peut se faire sans bloquer le voyageur à un guichet. Au final, les spécialistes sont persuadés que face à la hausse des voyageurs dans les aéroports, la combinaison de 2 de ces éléments constituera la seule solution pour avoir une relative fluidité dans les aéroports tout en renforçant la sécurité.

Côté pros du digital, on reconnaît que le système retenu est sans doute le plus sécuritaire connu aujourd’hui, mais on s’interroge sur le coût des équipements. Chaque station d’entrée, capable d’analyser 300 personnes par minute, coûterait entre 1 et 2 millions d’euros. Difficile de l’imposer aux petites plateformes.
Autre inquiétude, en cas de panne, comment assurer le contrôle sans doubler les équipements ? Trop tôt pour répondre à ces questions d’autant que ni l’aéroport test ni le fournisseur potentiel du matériel n’a été choisi. Rien avant 2020. Dernier point et non des moindres : la base de données utilisée et partagée pour gérer l'entrée sur un territoire étranger. Si chaque administration est pilote du projet pour quitter le pays, il n'en va pas de même pour les formalités d'immigration. .Chaque pays ou continent devra accepter de communiquer les datas numériques à ses partenaires. Les négociations s'annoncent difficiles

"Malgré tout, ce sera une réelle avancée", estiment bien les grands concepteurs de système de sécurité réunis en décembre dernier à Los Angeles pour un séminaire sur le sujet. Et ils soulignent que "l’ensemble de la chaine mobile n’en est qu’à ses débuts". De fait, les mobiles de demain ne sont pas ceux utilisés aujourd’hui et la vitesse de développement en matière d’innovation double tous les 5 ans. Autre point fort, la reconnaissance algorithmique se peaufine d’année en année tout comme les analyseurs de comportements. Deux technologies fortes qui seront intégrées aux systèmes.

Seule certitude, la prochaine génération de voyageurs d’affaires devrait adorer les aéroports qui deviendront aussi simples à utiliser qu’un parking de supermarché.

Philippe Lantris,
New York