Patrick Alexandre, Air France: « L’Afrique n’est pas si rentable que cela »

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En inaugurant une nouvelle agence Air France à Ouagadougou, Patrick Alexandre, interrogé par la presse locale, n’a pas caché que la rentabilité des lignes africaines n’était pas si exceptionnelle que l’on pouvait l’imaginer. Interrogé par Nadoun Coulibaly, de Sidwaya, il a tenu à préciser la vision commerciale du groupe en Afrique. Morceaux choisis.

Développer les relations commerciales avec les voyageurs africains, tel était le but de cette visite qui marquait l’ouverture d’une nouvelle agence commerciale. «C’est un signal fort pour que nos clients se sentent bien dans l'un des plus beaux immeubles de Ouagadougou». Pour Patrick Alexandre, cette nouvelle structure traduit «une ambition forte  en Afrique. Air France veut être la compagnie préférée des Africains. C’est la mission qui a été confiée à Jean-Louis Prades, le directeur général pour le Burkina». 

Mais comme à chaque déplacement africain d’un cadre d’Air France, c’est sur les prix que l’interrogation se fait pressante. «Nous travaillons sur les coûts, parce qu’il y a des compagnies qui viennent et qui repartent. Nous voulons être capables de faire des tarifs d’appels adaptés. En ce moment par exemple, sur le Burkina, nous avons des tarifs d’appels qui sont de 390 000 F CFA (590 €)».

Et Patrick Alexandre d’aborder la question de l’extrême rentabilité des lignes africaines: «Beaucoup pensent que Air France réalise le maximum de ses profits en Afrique, mais ce n'est pas le cas. Garder des lignes rentables en Afrique est pour nous un gage de pérennité. L’Afrique est de loin le premier continent où Air-France transporte le plus de clients. Pour nous, l’essentiel est que la ligne fonctionne, que l’on soit présent durant toute l’année et non quand il y a de l’affluence». Face au développement des compagnies du Golfe sur le continent, Patrick Alexandre reste confiant: «Nous sommes sereins. Le trafic entre l’Afrique de l’Ouest et l’Europe s’oriente très majoritairement vers Paris et peut-être vers l’Amérique. Donc la demande des passagers est d’aller le plus simplement possible avec le meilleur rapport-qualité-prix. Ce n’est pas parce que vous allez ouvrir une ligne  sur le Golfe que les clients vont y aller ».

Et de conclure sur Sidwaya, «C’est une année extrêmement difficile. Nos prévisions de croissance sont minces à 2% et notre chiffre d’affaires sera à l’équilibre. Mais, c’est aussi l’année où nous allons livrer les nouveaux avions qui seront en avril au Cameroun et en Guinée équatoriale. La montée en gamme de nos produits est donc une bonne nouvelle».