Patrick Malval : « Nous étudions la mise en place d’une classe éco sur OpenSkies »

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Le modèle tout business proposé par OpenSkies va-t-il se fondre dans l'offre British Airways ? À cette question, Patrick Malval, Directeur Général Commercial Europe de l'Ouest de British Airways et patron d'OpenSkies, est formel : "il y a un avenir pour cette compagnie qui doit tout simplement repenser son modèle économique en fonction de l'offre actuelle et des attentes du marché".

OpenSkies, qui a provisoirement abandonné le vol vers Washington il y a quelques semaines, réfléchit à l'augmentation du nombre de fréquences vers New York et à l'introduction d'une classe économique qui permettrait d'élargir l'offre tout en conservant un haut niveau de service. Mais cette solution, étudiée depuis quelques mois, ne devrait être que la première réponse aux envies de développement de la compagnie. Départs d'autres villes européennes, augmentation de fréquences, arrivée de nouveaux appareils... Aucune piste n'est abandonnée. Tout se regarde. À ce jour, une dizaine de destinations aux États-Unis ont été identifiées comme possiblement exploitables par OpenSkies.
Rencontre avec Patrick Malval pour un point sur l'année de British Airways et les projets d'OpenSkies.

DéplacementPros : OpenSkies est-elle enfin intégrée à votre offre transatlantique ?

Patrick Malval : Non pas encore, nous l'avions annoncé et cela ne saurait tarder car nous attendons l'avis du DOT (Department Of Transport) qui doit valider l'arrivée de cette compagnie dans la joint-venture transatlantique que nous avons chez IAG (British Airways et Iberia) avec American Airlines. Concrètement, cela veut dire que si tout va bien, dès le 1er janvier prochain, nous pourrons envisager une coopération entre l'ensemble de nos compagnies. Nous mettons en place un code share entre American Airlines et OpenSkies qui sera effectif des le mois de décembre prochain. Cela veut dire concrètement qu'il sera possible de faire un tronçon vers New York avec nous et de poursuivre son voyage avec American Airlines. C'était une attente souvent manifestée par nos clients qui devient réalité.

Déplacements Pros : Vous avez abandonné Washington. Un échec ?

Patrick Malval : non, mais le constat que nous avons fait démontre que si les résultats étaient particulièrement bons pendant l'été 2011, nous subissions des contraintes fortes en basse saison. Nous avons donc préféré pour l'hiver suspendre cette ligne que nous pourrions parfaitement reprendre l'été prochain voir même opérer en participation avec American Airlines ou Iberia. L'ouverture de nouvelles lignes doit répondre à une équation qui prend à la fois en compte la saisonnalité, la fréquentation et les moyens que vous mettez pour l'exploiter. Le choix du B 757, avec une baisse comme nous la connaissons aujourd'hui des prix du pétrole, nous a permis de ne pas perdre d'argent sur cette ligne et de démontrer qu'il y a de la demande pour les grandes villes de la Côte Est des Etats-Unis.

Déplacements Pros : Croyez-vous toujours au modèle mis en place par l'Avion, devenue aujourd'hui OpenSkies ?

Patrick Malval : Bien évidemment. Je crois que la compagnie a montré, en quelques années, le poids qu'elle pouvait avoir sur une destination comme New York où nous représentons aujourd'hui une part de marché de l'ordre de 20 %. Bien évidemment, je crois qu'il faut toujours améliorer son produit pour le rendre encore plus compétitif et plus proche des demandes de la clientèle. Nous regardons comment intégrer de nouvelles offres à bord de nos appareils. Nous étudions l'arrivée d'une classe économique qui, dans le cadre du code share avec AA, nous permettrait de la proposer en plus d'une business et d'une Premium.

Déplacements Pros : Où en êtes-vous de vos vols au départ d'Orly ?

Patrick Malval : Nous allons ajouter dès le 9 janvier prochain un quatrième vol tôt le matin au départ d'Heathrow ce qui permettra à la clientèle anglaise de pouvoir faire l'aller retour à Paris dans la journée. Ce vol partira de Londres vers 6h50. Orly est aéroport toujours apprécié des Parisiens en raison de la proximité de la capitale et de la facilité d'accès. Mais nous avons le même succès à Nice où nous aurons 12 vols quotidiens à l'année dont certains desserviront, entre autres, Gatwick ou London City. Sur le marché français, IAG a fait voyager un peu plus d'1,2 millions de personnes avec une part importante de départ en province (60 %)... pour environ un Volume d'affaires d'un demi milliard d'Euros.

Déplacements Pros : 2011 sera donc une bonne année pour vous ?

Patrick Malval : oui car nous allons retrouver des résultats proches de ce que nous faisions en 2007/2008. Tout cela est principalement du aux efforts de réorganisation et de réduction des coûts qui ont été engagés depuis quelques années et qui portent aujourd'hui leurs fruits. Bien sûr il reste encore du travail à faire pour arriver à uniformiser l'ensemble de nos tarifs avec ceux de nos partenaires tout en gardant à l'esprit qu'il n'y aura pas de hausse tarifaire pour British Airways en 2012. Nous devons aussi mettre en place une synergie commerciale optimisée pour proposer, avec Iberia des contrats communs dès 2012. Mais je ne peux pas vous dire aujourd'hui quelle sera la tendance du marché l'année prochaine que ce soit en termes de volume ou d'ouverture de lignes. On constate aujourd'hui que la courbe de réservation est de plus en plus tardive chez OpenSkies et que l'on vend principalement la dernière semaine avant le vol. Ce qui est certain, que ce soit pour British ou OpenSkies, nous sommes au-delà de la demande de l'an dernier et que cette tendance semble se poursuivre. Il est clair, j'en ai déjà parlé, que notre capacité à nous adapter au marché devrait nous permettre de rester compétitif dans l'univers du transport aérien dont on perçoit bien aujourd'hui les difficultés et le paradoxe : une demande qui augmente en volume et moins en valeur. A nous de nous adapter et d'innover.