Perform 2020: Air France KLM a rendu sa copie

167

Après avoir publié dans un communiqué les grandes lignes de son plan, ce jeudi 11 septembre, Alexandre de Juniac, PDG d'Air France - KLM s'est soumis à un grand oral devant les investisseurs puis devant la presse. L'entreprise franco-néerlandaise vise un retour à la rentabilité en 2017 et confirme à la fois une réorganisation du Point à Point et le lancement de Transavia Europe.

Avant de se lancer dans les chiffres et les mesures du plan Perform 2020, Alexandre de Juniac a fait un petit retour en arrière sur Transform 2015 «On peut le qualifier de succès. Transform a fonctionné pour remettre Air France-KLM sur le chemin de la profitabilité, améliorer sa structure financière et relancer commercialement le groupe», se félicite-t-il. Il souligne que «Les objectifs fixés en matière de réduction de coût par exemple ont été atteints. Nous avons fait 1 milliard d’économies sur 3 ans. Ce résultat est d'autant plus remarquable que nous y sommes parvenus dans un conjoncture plutôt morose». Le patron du groupe reconnaît néanmoins qu'«il y a encore beaucoup de chose à faire».

Et c'est ici que le plan stratégique Perform 2020 intervient. «Nous sommes passés de 3 ans d’échéance à 5 ans car le processus que nous mettons en place avec Perform s'inscrit dans la durée. C'est un processus d'amélioration de nos opérations à plus long terme», explique t-il. Dans un premier temps, le groupe s'est donc fixé un objectif à moyen-terme (2017). «La crédibilité dans le secteur aérien de donner des objectifs à 5 ans est perfectible. Si on veut être sérieux sur les indicateurs qu'on donne et avoir la possibilité de les atteindre. Il ne faut pas viser trop loin», assure Pierre-François Riolacci. Directeur général adjoint d'Air France de KLM, en charge des finances. L'entreprise souhaite présenter un EBITDAR en croissance de 8 à 10 % par an entre 2013 et 2017 tandis que le ratio de dette nette ajustée sur EBITDAR visé est inférieur à 2,5 dans 3 ans. De plus, le ROCE (rentabilité des capitaux investis) de 9 à 11 % en 2017.

Air France - KLM mise à fond sur Transavia

Air France - KLM ne veut pas laisser le marché Loisir aux low-cost. La direction a ainsi confirmé que son arme dans cette bataille serait Transavia avec le lancement, en plus de ses compagnies France et Hollande, d'une Transavia Europe. Cette nouvelle compagnie assurera des lignes en Europe en dehors des Pays-Bas et de l'Hexagone. «Transavia Europe aura entre 5 et 10 bases en Europe d'ici 3 ans. Nous comptons en ouvrir 3 dans deux pays d'ici l'année prochaine», explique -sans fixer les implantations - le néerlandais Bram Gräber qui dirigera la nouvelle compagnie. Le grand oral a confirmé les objectifs qui ont fuité dans la presse: l'objectif pour Transavia France est de se développer et de devenir la plus grande compagnie internationale d'Orly d'ici 2017. La direction souhaite également que sa marque low-cost compte plus de 20 millions de clients et une flotte de 100 avions d'ici 2017. Elle espère également être rentable pour 2018.

En revanche, si ses concurrentes à bas coût visent de plus en plus le marché corporate. Transavia ne chassera pas sur ce terrain. «Air France et KLM s'adresseront aux voyageurs d'affaires tandis que Transavia se focalisera sur le Loisir. L'offre de Transavia n'est pas vraiment adaptée aux besoins des clients Corporate. Les fréquences dépassent rarement plus d'une fréquence quotidienne, sauf sur certaines les destinations très populaires mais elles sont peu nombreuses», ajoute t-il.

L'activité passage : poursuivre la montée en gamme, regarder vers l'Est

Air France et KLM vont s'appuyer sur la montée en gamme des produits, lancée lors du plan Transform. «Nous avons la volonté de jouer dans la première ligue mondiale. Nous avons des retours excellents sur la world business class de KLM depuis un an. Les premiers retours qualitatifs sont également très bons pour la nouvelle Business d'Air France, lancée en juin dernier», précise Alexandre de Juniac.

Pour le long-courrier, le groupe compte aussi faire des efforts de productivité sur ses hubs, et surtout saisir les opportunités de croissance en renforçant ses partenariats stratégiques. «Nous allons développer nos partenariats à l'Est du monde où nos partenariats sont plus jeunes et moins matures. Nous allons renforcer nos liens avec China Eastern et China Southern. Nous allons essayer aussi de chercher des partenariats en Asie du Nord et du Sud-Est, voire consolider les liens que nous avons commencé à tisser avec Etihad».

Création d'une Business Unit pour le point à point

Comme l'évoquait le rapport Guérin, le groupe a prévu de mettre en place une Business Unite unique qui regroupera Hop ! et Air France «Ce n'est pas raisonnable de garder durablement un système de commercialisation qui a ses propres règles, ses propres tarifs et un autre sur le marché domestique point à point au départ d'Orly avec des règles différentes», reconnaît Frédéric Gagey. Il ajoute «Il est aussi important d'avoir un mix de flotte sur une même ligne. Ainsi il est possible de partir avec un A320 le matin puis mettre 2 CRJ 1000 dans la journée et remettre des A320 en soirée. Il est donc important de réunir l'ensemble du point à point sur une même business unite avec 3 centres de production : les escales, les flottes régionales, la flotte moyen-courrier domestique. Les approches commerciales seront ainsi plus homogènes.»

La compagnie compte également optimiser son réseau domestique et fermer les vols non rentables. Autre point important : réduire les coûts au sol, un pôle qui représente 40 % des coûts de secteur point à point. La direction reconnaît qu'il y a de grandes disparités entre les bases. «Il y a encore de nombreux efforts sur ce point. Cela fera l'objet de discussions avec nos partenaires».

Une réduction des coûts étudiée activité par activité

Les pilotes, bientôt en grève, reprochent à leur direction d'avoir fermé le dialogue. Pourtant la direction du groupe franco-néerlandais l'assure, les salariés auront leur mot à dire dans ce plan «Nous écouterons leurs idées», a martelé à plusieurs reprises Alexandre de Juniac pendant la conférence. En effet, il semble que le projet d'Air France – KLM laissent de la marge. Contrairement au plan Transform qui fixait un objectif de réduction des coûts collectifs à toute l'entreprise, Perform 2020 va fixer des objectifs de réduction des coûts et les moyens utilisés activité par activité. Mais pour savoir précisément les efforts et réductions de coûts demandés à chaque secteur, il faudra attendre le résultat des rencontres avec les salariés, soit fin 2014/début 2015. D'ici là, la grève ?