Petite leçon de savoir vivre à usage des plus jeunes

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Parole de vieux con, la politesse se perd ! Même si je le pense, cette assertion n'est pas de moi mais d'une hôtesse de l'air qui publiera en septembre prochain, après son départ à la retraite, un livre dont le titre est sans appel : "S'envoyer en l'air, quelle galère !". Une vingtaine d'années de souvenirs pour celle devenue formatrice sur sa fin de carrière. Et même au sol, "on ne peut pas parler de plaisir quand toute une éducation est à refaire". Démonstration.

Il y a les basiques, ceux que les parents répètent aux enfants : bonjour, merci, au revoir. Ceux que Françoise Dolto appelait "les piliers de la vie communautaire". Des règles ? Des valeurs ? Sans doute plus systématiques que partagées si l'on en croit les constats des professionnels à bord des avions ou aux comptoir des hôtels. Première observation, l'âge ne fait rien à l'affaire. Les "vieux", c'est à dire les plus de 45/50 ans, sans doute poussés par des générations moins sensibles à la politesse, sont devenus selon notre hôtesse, "aussi agressifs et arrogants que les autres". Et de préciser : "Le sourire se perd, les petits mots d'accompagnement aussi. Aujourd'hui le service doit être immédiat". Pour les nouvelles "esclaves" de l'air, les exemples ne manquent pas. "On claque des doigts pour nous appeler, on nous siffle pour nous donner un manteau... On nous aboie plus que l'on nous parle". Décourageant, agaçant. Insupportable !
Ce constat est souvent le même dans les hôtels. Passons sur l'effet DSK qui a vu le nombre de remarques salaces fortement augmenter pour en rester aux seules relations avec les clients. "La patience se perd", explique un réceptionniste du groupe Accor, "Tout doit se faire vite et la moindre erreur ouvre la porte aux critiques désobligeantes. On nous traite d'incompétent sans même chercher à comprendre". Et au final, le cercle est vicieux. Car face aux débordements, ni le personnel navigant, ni les salariés de l'hôtellerie ne font d'efforts pour rectifier le tir. Manque de formation? "Nous répondons à la gentillesse par la gentillesse", poursuit notre formatrice de l'air qui reconnait que chacun ne sait pas forcément répondre à l'agression, même verbale. Quand à l'éducation...: "J'ai parfois devant moi des hôtesses plus que mignonnes mais parfois vulgaires dans leurs comportements avec les autres". Bref, apprendre à aimer les autres, même les pires, est parfois un sacerdoce plus qu'un métier.

Pierre Barre