Petite ode aux voyages, aux voyageurs d’affaires et coup de pied aux fesses des acheteurs

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Depuis que je fais ce métier de journaliste du voyage, il y a quelques décennies déjà, je dois avouer que je n’ai pas rencontré beaucoup de voyageurs lassés ou blasés de courir le monde. Certes, j’en ai vu qui pestaient contre les déplacements d’un jour, les horaires complexes et les itinéraires inadaptés… Mais peu remettaient en cause ce plaisir à découvrir de nouveaux horizons. Bien sûr, cela ne veut pas dire qu’au retour d’un voyage pénible personne ne jurait haut et fort que «Cette fois ci, c’était fini, on ne le reprendrait plus». Du moins jusqu’à la prochaine fois.

Pourquoi une déclaration d’amour spontanée autour du voyage. Tout simplement parce que l’on fêtera le 25 avril prochain, les 200 ans du premier voyage organisé d’un groupe constitué autour de cette envie naissante, mais pourtant lointaine à l’époque : les vacances. Rien de bien comparable à ce que fait TUI ou Fram mais les prémices de ce qui allait changer le monde : la découverte de l’autre. D’un autre monde. D’un ailleurs différent. Le Voyage, avec un grand V, celui de découvertes, d’exploration et d’initiation, laissait la place au déplacement pour le plaisir, puis pour les affaires. Mais au fond, c’est toujours le mot voyage qui est accolé. Il n’y aurait donc qu’un seul voyage que ce soit pour le farniente ou le business ? Je le crois même si les buts, les charges financières ou la fatigue sont bien différents à l’arrivée. Et si je me sens quelque peu lyrique aujourd’hui, c’est que tous les indicateurs semblent prouver que la jeune génération aime aussi. Sans doute différemment, mais avec la même passion que leurs ainés. Le voyage est donc un perpétuel recommencement. C’est sa force. Il reste que ce qui me chagrine le plus, c’est que ceux en charge de les acheter voyagent aussi peu. Seuls 20% des acheteurs et autres TM vont sur le terrain dans le cadre professionnel. Les chiffres ne sont pas officiels mais sont largement confortés par l’étude sur le marché du voyage d’affaires réalisée par Epsa et DéplacementsPros.com. Quel dommage. Nul doute qu’il faut pousser les 80% à quitter leurs bureaux. Et si la déontologie à bon dos pour justifier de l'abandon de ces pseudos avantages en nature, il urgent que les associations militent en faveur d’une découverte du terrain, susceptible de faire gagner pas mal d’argent aux entreprises.

Marcel Lévy