Pour les jeunes voyageurs d’affaires, Facebook n’est pas un outil de travail

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Sans doute sensibilisés par les différentes campagnes menées en faveur de la sécurisation des données, les jeunes voyageurs d'affaires affirment dans une étude menée par la CBTA (Californian Business Travel Association) à Los Angeles, que Facebook n'est pas un réseau social adapté aux échanges professionnels en matière de déplacements. L'étude - qui démontre que l'impact du numérique est pourtant particulièrement forte chez les 25-40 ans - explique que dans le cadre du travail : "Pour vivre heureux, vivons cachés !"

Cette enquête est loin d'être un sondage au sens technique du mot, elle met cependant en lumière les grandes lignes des différentes analyses menées depuis 2011 sur l'arrivée du numérique dans les échanges entre voyageurs. A nouveau, on constate que la méfiance est toujours de mise lorsque l'entreprise, ou les collègues, peuvent accéder à des informations issues d'un déplacement professionnel. On s'en doutait. Donner l'adresse d'un bon restaurant au bout du monde, cela voudrait dire que l'on a pris le temps de s'y arrêter, le temps de rédiger un commentaire et le temps de le poster sur sa page personnelle ou professionnelle. À une époque où l'entreprise prône le sens de l'effort, cette parenthèse pourrait être considérée comme une provocation vis-à-vis de son environnement de travail. Au-delà, cette situation confirme la difficulté que rencontre un acheteur de voyages ou un Travel manager pour enrichir les fameuses banques « d'astuces » en entreprise qui pourraient servir aux nouveaux entrants et permettre aux plus anciens d'éviter les pièges d'un voyage en terre inconnue. Certaines entreprises ont bien essayé de mettre en place un intranet susceptible d'accueillir ce type de commentaire. L'échec est patent.
Dans cette enquête, les jeunes vont preuve d'autant de maturité que les générations plus anciennes. Les voyageurs d'affaires ne veulent pas apparaître comme des "vacanciers", héritiers naturels des auteurs de guides de voyages. Cela veut-il donc dire que l'échange d'informations entre voyageurs est impossible ? Certainement pas, si elle est limitée aux relations proches. Ce que les spécialistes appellent "le prosélytisme digital". Ce qui est certain, c'est qu'il sera particulièrement difficile de le structurer au sein d'une entreprise. Et c'est sans doute pour cela que la plupart des réseaux qui se sont construits autour de l'information échangée entre les voyageurs d'affaires peinent aujourd'hui à trouver un équilibre financier. À trouver tout simplement des voyageurs contributeurs. Discrétion, quand tu nous tiens.

Philippe Lantris,
à New York