Pourquoi le prix des business class va augmenter

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Alors que la bataille des classes éco est engagée depuis des années, celle de la business pourrait bientôt prendre fin. Si les compagnies cherchent à attirer la clientèle Affaires avec des prix ultra compétitifs, toutes savent que, désormais, il faut protéger la poule aux œufs d’or, celle qui permet de dégager des bénéfices. La classe arrière pour payer les frais d’exploitation et l’avant pour dégager de la marge, le calcul est simple à comprendre.

Le principe est simple, mais simple ne veut pas dire simpliste et la complexité du yield démontre que l’on ne peut pas toujours gérer aisément la demande et l’offre. Éternel et perpétuel souci du transport aérien. Si la croissance des compagnies du Golfe est toujours étonnante, les méthodes de comparaison des outils d’exploitation restent complexes et souvent inégales. Et il sera difficile aux compagnies de jouer à armes égales pour demander "le vrai prix du transport" aux voyageurs. Exemple avec Emirates, qui ne paye ni charges sociales ni impôts à Dubaï, et qui a beau jeu d’expliquer que son carburant, à l’image de ses concurrents, est acheté comme les autres au même prix que les autres… sur les aéroports internationaux. Oubliant de préciser qu’à Dubaï, hub principal, le tarif n’est plus le même, ni le montant de taxes aéroportuaires. Avec plus de 44 % des vols au départ des Émirats Arabes Unis, la note a vite fait de fondre au soleil. Etihad ou Qatar connaissent les limites du système et veulent anticiper l’avenir, plus gris bleu que bleu. Mais ce constat peut aussi se faire aux USA et en Asie, où le coût du travail est lui aussi largement inférieur aux pays européens. Le transport aérien ne fait pas dans le social. Bref, il faut bien, à un moment donné, repenser ses grilles tarifaires.

Alors pourquoi augmenter les tarifs de la business ? Simplement parce que la rentabilité, grignotée d’année en année par la concurrence, est devenue un enjeu majeur des prochaines années. L’arrivée massive des compagnies et capitaux chinois dans les compagnies aériennes africaines, le développement des liaisons de point à point au détriment du réseau domestique, le besoin de resserrer les dépenses de voyage sont autant de points qui obligent les compagnies à repenser leur business modèle. Les pertes de Turkish Airlines au premier trimestre 2014 sont révélatrices pour une compagnie dont le développement est spectaculaire depuis 5 ans. Perdre de l’argent pour acquérir des parts de marché ne saurait plus être la ligne directrice du transport aérien mondial. IATA a mis en garde les opérateurs face à un durcissement des marchés. Tous ont entendu le message.

D’Air France à Etihad, l’avenir se prépare au « revenue management » des compagnies. Ce n’est pas le moment d’engager un combat suicidaire alors que la demande « passagers » est en hausse régulière.

Hélène Retout