Pourquoi tant d’incompétence dans les transports en Ile de France ?

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J'ai cru un court instant que l'épisode neigeux était seul responsable des innombrables dysfonctionnements des transports en commun en région parisienne. Pas tout à fait naïf, je me rendais bien compte (et vos mails le confirment régulièrement) que les ennuis sont quasi quotidiens avec pour conséquences, elles aussi chroniques, des blocages, des annulations et des retards.

Paris est une petite capitale européenne. Sa taille est raisonnable et sa banlieue assez limitée, comparée à Londres ou Berlin. Fort de constat, et renseignements prix, les incidents sont peu nombreux sur les transports londoniens ou berlinois qui, globalement, satisfont les utilisateurs. Alors pourquoi Paris est-elle en permanence victime de bug ? A en croire les utilisateurs, ce ne sont plus les grèves qui sont perturbantes mais les innombrables incidents techniques. Je mets de côté les suicides, pour ne conserver ici que les pannes électriques, les avaries matériels, les travaux sur la voie. J'en passe et des meilleurs. Quand on écoute les syndicats, les critiques sont plus précises.

Premier constat, il y a trois gestionnaires sur le réseau : SNCF, RATP et le très politique STIF (syndicat des Transports d'Ile de France). Et tous "protègent leurs fesses", m'explique un contrôleur. De fait, trois patrons, où un seul suffirait pour la logique de commandement, et nous voilà devant une armée mexicaine de petits chefs qui se rendent très rarement sur le terrain. "La cascade hiérarchique est telle", me dit un conducteur de train, "que peu de dirigeants de la RATP ou de la SNCF connaissent le quotidien du transport urbain". Et de citer en exemple, les interconnexions comme celle de Nanterre. Une aberration politico-syndicale. Les promesses d'amélioration et en particulier d'intégration des RER pourraient ajuster les choses, mais que de temps perdu !

Autre explication, toujours syndicale, l'absence de réflexion à court et moyen terme est pesante, que ce soit dans la gestion du matériel ou des lignes. "Le STIF aiguillonne et pénalise financièrement les opérateurs mais avec une vision politique qui n'est ni technique, ni opérationnelle. Selon la couleur d'un député ou le grondement d'un ministre, on assiste à une adaptation de l'offre. Plus de trains pour faire plaisir à telle circonscription, moins sur l'autre. Hausse du trafic pour les uns ou réduction pour l'autre ". Et d'ajouter, "Nous ne demandons pas à nos PDG de prendre le métro tous les jours mais en venant sur le terrain, ils verraient vite qu'il y a des promesses politiques que nous ne pourrons jamais tenir".

Si l'on en juge par le volume de tweet entre 6h30 et 9 heures tous les jours, on se rend vite compte de la réalité du terrain. Ligne A chaotique au départ de Cergy mais bien assurée de Saint Germain en Laye (zone géographique où résideraient quelques décisionnaires influents). Ce n'est qu'un exemple, toutes les autres liaisons sont touchées. Alors, si individuellement, chaque salarié est efficace, les transports en commun d'ile de France réussissent le tour de force de démontrer que l'union fait la farce. Une vraie, qui ne fait pas rire les usagers. Pardon, les clients !

Marcel Lévy