Premier bilan très lourd pour les transporteurs, les aides se mettent doucement en place

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Dans une situation déjà très difficile, le transport aérien mondial accuse le coup après six jours de crise. Une facture de 1,26 milliard d’euros pour les compagnies aériennes qui, soutenues par les acteurs majeurs du secteur, réclament à l’unisson un coup de pouce des gouvernements. En France, des mesures devraient être prises, mais tous les transporteurs ne sont pas concernés.

Premier bilan très lourd pour les transporteurs, les aides se mettent doucement en place
L’Association du transport aérien international (IATA) estime que la crise causée par l’éruption volcanique en Islande aura coûté aux transporteurs aériens plus de 1,7 milliard $US en pertes de revenus en date de mardi, soit six jours après l’éruption initiale. Durant une période de trois jours (17 au 19 avril), durant laquelle les transporteurs effectuaient 29 % de vols de moins que prévu, les pertes de revenus ont atteint 400 millions $US par jour. En France, les perturbations engendrées par le nuage de cendres ont déjà coûté 200 millions d’euros aux compagnies aériennes et voyagistes français, selon le secrétaire d’Etat au Tourisme Hervé Novelli. L’IATA souligne en revanche que certaines économies découlent de l’annulation des vols. Par exemple, la facture de carburant diminue de 110 millions $US par jour, par rapport à la normale. Certains aéroports mettent également en place des bonnes pratiques industrielles, comme Heathrow et celui de Dubaï qui ont renoncé aux frais de stationnement et n’exigent pas de frais pour les vols de repositionnement.

Mais malgré ces économies, la situation reste catastrophique pour les compagnies, qui considèrent que les institutions européennes et les gouvernements des Etats membres doivent prendre leur responsabilité et assumer les décisions de fermerture du ciel européen, en payant une partie de la note. Mais si l’UE consent à autoriser des aides d’États exceptionnelles, elle décline toute responsabilité dans l‘ampleur de la crise, comme l’a rappelé le président de la Commission José Manuel Barroso mardi à Strasbourg. Trois associations de compagnies aériennes - l'ELFAA (Association des compagnies low-cost européennes), l'ERA (European Airlines régions Association) et de l'AICA (Association internationale des transporteurs aériens) sont déjà montées au créneau en appelant la Commission à réagir au plus vite. Le président de l’IATA, M. Bisignani, a lui aussi exhorté les gouvernements à envisager des moyens d’indemniser les compagnies aériennes pour leurs pertes de revenus. À la suite des événements du 11 septembre, le gouvernement américain a consenti une somme de 5 milliards $US pour dédommager les transporteurs qui avaient dû interrompre les vols durant trois jours. La Commission européenne avait aussi permis aux États européens d’offrir une aide semblable.

En France, après avoir rencontré les acteurs du tourisme et les représentants des compagnies françaises, Hervé Novelli a indiqué que des mesures seraient mises en place pour aider les entreprises les plus touchées, notamment les compagnies de taille moyenne, en précisant que la répartition se fera sous la surveillance de la Commission européenne. La présidente du Medef Laurence Parisot a de son côté demandé au gouvernement la création d'un "fonds spécifique pour les compagnies aériennes" pour soutenir les transporteurs français.