Puisque personne ne dit du mal de la SNCF, qu’elle le fasse elle même !

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Il existe depuis l'invention du marketing une technique bien développée qui consiste pour une entreprise à créer sa propre concurrence, pour mieux la dénigrer et se mettre en avant. L'idée n'est pas neuve, et bien des entreprises se sont retrouvées le doigt coincé dans la porte, lorsqu'elles se sont faits prendre. Est-ce le cas de la SNCF ? Sur son excellent blog "titre de transport", notre consœur de Capital, Caroline Michel, dévoile l'étonnante aventure de l'édition d'un livre : «SNCF la fin d'un monopole».

À l'origine cet ouvrage aurait dû s'appeler « SNCF, à bout de souffle ». Les éditions Jean-Claude Gawsewitch, qui ont adressé l'ouvrage à la presse il y a quelques semaines, précisait qu'il s'agissait d'un livre d'investigation et que le choix même de la collection « coup de gueule » démontrait la puissance de l'enquête réalisée par le journaliste François Regniault. Auteur déjà remarqué d'un premier livre "La mutation impossible", sorte de pamphlet contre son Président, Guillaume Pepy. Dans son billet, Caroline Michel, dévoile que l'auteur travaille à la direction de là SNCF, que c'est un proche de la direction et ne peut avoir écrit le livre sans un regard de sa hiérarchie. Et, sans l'affirmer, elle se questionne sur bien fondé des révélations de l'ouvrage.
De fait, à la lecture du livre, on se dit que que, loin d'être le fruit du hasard, certains détails pourraient avoir été largement glissés par la direction même de l'entreprise nationale. Ainsi bon nombre de révélations s'attaquent à des décisions syndicales et dévoilent quelques positions qui ne feront sans doute pas plaisir à la CGT ou à Sud Rail. L'affaire est bien menée et, globalement, l'ouvrage ne nous permet pas de juger de la véracité des propos qui sont tenus tant l'auteur veille à ne jamais donner de précisions suffisantes pour permettre au lecteur de s'y retrouver.
Incontestablement, François Regniault connaît bien les méandres de la maison puisqu'il a été longtemps le rédacteur en chef du journal interne, "Les Infos". Incontestablement son analyse sur la fin du monopole sonne juste et logique. Mieux, elle permet de comprendre les enjeux et d'en percevoir les risques. Autant de sujets qui, énoncés avec la bénédiction de l'entreprise ou non, devraient passionner les lecteurs et qui, a priori, passionnent au quotidien les dirigeants de la SNCF.

Hélène Retout

P.S : L'auteur François Regniault répond, fort courtoisement, aux questions que pose le billet sur le site de Caroline Michel