Qatar Airways dans OneWorld, la révolution tranquille

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Voilà quelques jours, dans l'une des éditions quotidiennes de votre lettre préférée, nous évoquions le rejet de principe formulé par Qatar Airways quant à son arrivée au sein de l'alliance OneWorld. Pour autant, et selon les rumeurs insistantes tant au Qatar qu'en Grande-Bretagne, la compagnie du Golfe devrait devenir un nouveau membre de l'alliance dès le 8 octobre prochain, lors d'une annonce qui devrait être faite à New York. Difficile aujourd'hui de dire ce qui se passera réellement au début de la semaine prochaine. Mais a priori, et toutes les sources concordent, l'arrivée de Qatar Airways devrait bousculer les stratégies développées depuis quelques années par Skyteam ou Star Alliance.

L'apport de Qatar Airways sera «techniquement» considérable. Qu'il s'agisse du réseau, plus d'une centaine de destinations, d'un hub à Doha ou d'une politique tarifaire agressive, il sera difficile à la concurrence de lutter contre ce qui deviendra, de fait, le premier réseau mondial de compagnies aériennes. En prenant le contre-pied d'Emirates, Qatar pourrait ainsi démontrer qu'être une compagnie du Golfe n'est pas un inconvénient, au contraire, et que l'apport de son savoir-faire au sein du réseau devrait considérablement freiner le développement de ses concurrents. Particulièrement présente sur l'Asie, mais également en Afrique et en Australie, Qatar Airways va servir de base entre l'Amérique du Nord d'American Airlines, l'Europe de British Airways, l'Asie de Cathay Pacific ou de Japan Airlines. Bien sûr, il est encore trop tôt pour tirer des hypothèses solides sur le rôle de Qatar Airways au sein de OneWorld. Il va falloir attendre la confirmation de cette information dont les premiers effets ne seront effectifs qu'au début de l'année 2014, une fois passées les formalités d'entrée et la mise à plat des accords croisés.
Dans tout les cas de figure, Emirates qui vient de faire pression sur Qantas afin qu'elle retrouve son indépendance, se retrouve isolé si elle n'obtient pas très rapidement d'autres accords internationaux, que ce soit en Inde, en Amérique du Sud voir même en Asie. D'autant que Qatar Airways ne ménage pas ses efforts pour s'intéresser au continent africain dragué aujourd'hui par son concurrent émirati et une pléthore de compagnies européennes persuadées qu'il y a de l'argent à se faire. Etihad de son côté risque bien de se retrouver isolée au sein d'un jeu d'échec ou toutes les pièces ne sont pas encore distribuées. Etre au capital d'AirBerlin (elle même dans OneWorld) ne suffit pas pour s'assoir à la table des grands.
Au-delà, Lufthansa et Air France, respectivement leader de Star alliance et Skyteam, vont se retrouver bien seules dans ce concert mondial où la taille sera prépondérante d'ici une dizaine d'années. Après les alliances, nous allons sans doute assister à l'accélération des fusions, celle des petites compagnies européennes obligées de se rapprocher des grosses. Un cas de figure que l'Amérique du Sud vient de régler avec LATAM (la fusion de TAM et de LAN) . Enfin la situation même des compagnies américaines, que ce soit American Airways et US Airways, devrait bouger très rapidement. Une redistribution des cartes dont on ne saurait dire aujourd'hui si elle est favorable au prix, aux offres… Et au voyage d'affaires !

Hélène Retout