Quand les voyageurs d’affaires téléchargent illégalement

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Selon le Washington Post, les voyageurs d'affaires ne seraient pas tous des gens sérieux ! Il y aurait même des pirates de haut vol, spécialisés dans le "vol" des données privées. Traduisez "qui, dans les hôtels, en profitent pour télécharger illégalement les films et les albums musicaux qu'ils écouteront dans les avions". Selon l'industrie américaine, si les ados restent les champions en la matière, le nomadisme reste une source assez forte d'atteinte au copyright. Méchants voyageurs d'affaires !

On aurait pu croire que nos champions du business à l'étranger étaient des gens raisonnables, respectueux des lois en vigueur dans le pays visité. Il n'en est rien. Jeunes et bien formés aux technologies modernes, nos voyageurs d'affaires sont friands des nouveautés cinématographiques qu'ils rapatrient sur leur PC. Pire, parfaitement au fait des textes de loi, ils sont devenus maîtres du VPN anonyme qui, pour moins de 5 euros par mois, leur permet de cacher leur adresse IP et de surfer sans être démasqué sur les sites de téléchargement. On peut condamner, reprocher, s'insurger, mais la réalité est là et pour longtemps sans doute.
Cette situation pose naturellement le coût de la culture numérique que l'on dit trop élevé, y compris aux Etats Unis. Pierre Lescure, chargé par le gouvernement d'une mission sur le sujet, reconnaît que la valeur du support (quasiment nulle) oblige à une dématérialisation de l’œuvre. Des groupements comme l'AFCI (Association Of Film Commissioners International) demandent la création d'un système d'abonnement, proche de celui appliqué il y a quelques années dans feu les vidéo-clubs et qui permettrait, quelque soit la location géographique du loueur, de donner accès à des catalogues de films à très bas prix, y compris pour les nouveautés, six mois après leur sortie en vidéo. Un téléchargement illimité pour moins de 8 $ par mois. C'est incontestablement le chemin que devrait prendre la Commission Européenne qui aura à se prononcer sur le sujet.
En attendant, la bienveillance obligatoire (ils n'ont pas beaucoup de solutions pour contrer le système) des réseaux internet hôteliers est mise à rude épreuve. Pour le voyageur d'affaires, renouveler sa banque de loisir sur son PC ou sa tablette, dans sa langue maternelle, est un élément important pour se détendre et patienter dans les aéroports. Si la méthode s'apparente à du piratage, c'est sans doute que la réalité des besoins n'a jamais été prise en compte réellement. Il serait temps de s'y pencher.

Marcel Lévy