Quels leviers d’optimisation pour les flottes d’entreprises ?

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En réunissant clients et prospects autour des problématiques actuelles de la gestion de flotte, EPSA a livré les premiers enseignements d’une étude réalisée autour de trois axes forts : le véhicule électrique, la télématique et le covoiturage. Pour le cabinet d’études, au-delà de l’analyse des chiffres, les expériences d’Orange et de L’Oréal, présentées à cette occasion, démontre la complexité des sujets abordés.

Point fort de cette présentation, la présence de deux invités venus détailler leur vision de ces grands sujets d’actualité. : Romain Trébuil, Category Manager Ressources Humaines chez L’Oréal et Jean Zermati, Directeur Adjoint Facilities & Mobility Management chez Orange. Leurs différences : une forte flotte technique pour l’opérateur télécom (60 % du parc est composé de nacelles) face à des véhicules plus commerciaux pour L’Oreal.

Jean Zermati, résume en une phrase le débat : "Il serait impensable de croire qu’il n’y a qu’un process qui s’applique à l’ensemble des gestionnaires de flotte auto. C’est la différence d’approche, et la multiplicité des visions, qui permet à chacun d’entre nous de mieux anticiper l’avenir". Pour François Falezan, en charge de l’étude chez Epsa, "La maturité à atteindre reste complexe en fonction de la taille du parc, de la vision de l’entreprise et de l’utilisation des véhicules".

L’enquête menée par Epsa porte sur une centaine de gestionnaires de parcs principalement répartis en France. 70 % d’entre eux interviennent au niveau européen et 56 % sur un périmètre global. 52 % d’entre eux affirment avoir une flotte de véhicules supérieure à 5000 véhicules et près de 60 % d’entre eux sont des VP. Côté dépenses, EPSA estime à 100 millions d’euros la moyenne des budgets annuels liés au parc automobile. Quant à la distribution de ces véhicules, elle concerne pour 26 % les univers techniques, à 43 % les commerciaux, à 20 % les cadres et à 11 % les cadres supérieurs ou dirigeants.

Sans surprise, l’articulation de la gestion de flotte passe principalement par des cars policies établies au niveau global. Parallèlement, si l’on analyse les attentes des Fleet managers, on se rend compte que le TCO reste pour 61 % d’entre eux un sujet essentiel de leurs fonctions contre 13 % aux efforts liés à l’environnement (baisse du CO2), 6 % aux économies d’énergie. Notons que 68% optent pour des contrats d’une durée de 4 ans.

"L’électrique sera-t-il l’avenir de la flotte auto ?", interroge François Falezan. Oui sans hésitation pour Romain Trébuil, qui estime que l’adaptation des besoins à la flotte électrique ne se fera pas d’un coup. Mieux, il explique qu’en négociant avec un grand constructeur allemand il obtient un prix par véhicule comparable - voire inférieur - à celui d’un modèle thermique. "Nous avons mis plus d’un an à négocier", remarque Romain qui insiste avant tout sur les attentes des utilisateurs: "Aujourd’hui nous avons 8 véhicules électriques et nous promouvons les véhicules propres auprès des dirigeants dans le cadre de la car policy et du crédit mobilité. 20 % des managers ont fait le choix de ce crédit mobilité".
C'est un "oui mais" pour l'électrique que reconnait Jean Zermati (300 véhicules électriques déjà présents dans la flotte du groupe) qui constate que "L’absence de véhicule utilitaire fiable dans cette gamme est déjà pénalisante pour qui veut avancer dans ce type de produit". Mais pour lui, le souci est ailleurs: "Nous avons des textes qui vont interdire le diesel dans les villes d’ici 2020, quid des interventions techniques ? Un commercial peut toujours prendre le métro ou le bus… Mais pas un technicien qui doit arriver sur site avec son matériel. Il y a un regard législatif qui va plus vite que la réalité de l’offre".

Pour Epsa, l’intégration de l’électrique ne peut se faire sans concertation. Et de livrer quatre pistes de réflexion :
  • Travailler en collaboration avec les fournisseurs
  • Avoir une bonne connaissance du marché pour anticiper les nouvelles technologies sur le marché
  • Définir des objectifs d’intégration de véhicules « green » dans les car policies et dans les parcs à la route
  • Définir des taux de CO2 cibles pour les car policies et pour les parcs à la route
Sur les outils, l’enquête révèle que 54 % utilisent un outil de fleet management pour piloter leur flotte et qu’au final, la consommation moyenne constatée est de 8,5 l aux 100 pour 118g/km en termes de CO2. Si les outils vont permettre une meilleure analyse de l’utilisation du véhicule, ils permettent aussi d’envisager de sérieuses économies. Avec 12 500 véhicules équipés chez Orange, Jean Zermati estime à 7% la baisse de consommation carburant et à -18 % le nombre de sinistres responsables. Même satisfaction chez Romain Trébuil, 845 voitures équipés chez L’Oréal, qui est formel: "Notre ROI est simple : 1 euro investi en télématique nous fait 7 euros gagnés".

Dernier volet de la rencontre : l’autopartage, tant évoqué depuis quelques mois. "J’y crois fermement", reconnait Romain Trebuil, "L’époque n’est pas à la possession mais à l’utilisation. Il suffit de voir le succès d’Autolib à Paris pour le comprendre. 60% de ceux qui résident à Paris ne possèdent plus de voiture". Mais pour L’Oréal il faut prendre le temps de mettre en place des solutions pérennes. Ni précipitation, ni choix hâtif: "Nous avons lancé un appel d’offres pour atteindre les objectifs d’autopartage que nous nous sommes fixés, entre autres, une réduction des coûts de taxis et de LCD ainsi qu’une diminution de 60% de nos émissions de CO2 tout en facilitant la mobilité de nos collaborateurs. A partir des offres retenues, nous pourrons construire une solution adaptée à tous les besoins du groupe".

Jean Zermati partage cette vision mais tient à préciser que cela ne saurait se faire sans une réelle adhésion des collaborateurs et l’optimisation du dimensionnement de la flotte partagée. Mais il faut aussi regarder plus loin, jusque dans dans la mobilité privative du salarié "qui doit pouvoir accéder à l’utilisation d’un véhicule de l’entreprise en dehors du service et moyennant un tarif raisonnable".

En clôturant les débats, qui ont également évoqué le législatif de la télématique (géolocalisation du véhicule et du salarié) ou l’eco-conduite, souvent évoquée par les constructeurs, François Falezan n’a pas caché sa satisfaction de voir ces grands sujets abordés par tous les acteurs avec une réelle vision à moyen et long terme. "Pérenniser, optimiser et suivre la gestion de flotte ainsi que l’avancée des grands projets est l’une de nos missions", conclut-il en proposant de faire de ce premier rendez-vous le point de départ de réunions régulières sur les grands sujets du fleet management.