Quels ponts de mai pour les voyageurs d’affaires ?

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Depuis quelques jours, voyagistes et autres tentateurs évoquent à coup d'email marketing les "ponts de mai". Une expression qui fait sourire les sociologues d'entreprises qui constatent depuis quelques années que le moi de mai est un vrai casse tête "psychologique" pour les ressources humaines. Entre l'attente des salariés, la réalité du business et les vacances d'été toutes proches qui vont "endormir" le pays, il est vrai que cette fin de premier semestre n'est pas simple. Ajoutez y des élections présidentielle et législatives.... et la coupe est pleine !

Vu de l'étranger, la France est un cas à part. Une productivité salariale inégalée par nos voisins européens, un système social plutôt favorable aux travailleurs, une structure du travail qui permet le dialogue entre direction et employés... Bref, de quoi susciter des envies. Mais les ponts de mai ! Pour le reste du monde, c'est un mystère. D'autant que dès le mois de janvier, calendrier en main, de puissants calculs, complexes voire secrets, commencent. En posant peu de jours, bien placés, on peut aisément doubler son temps de vacances. De là à créer un logiciel ou une application pour optimiser la recherche, il n'y a pas loin. "La France en vacances pour un mois", titrait il y a quelques jours un quotidien anglais en se moquant de nos habitudes. On pourrait sourire, si cela n'avait pas d'effets directs sur nos relations professionnelles avec nos clients dans le monde. "Programmer un voyage d'affaires en France pendant le mois de mai est toujours complexe", me disait le travel manager américain d'IBM qui ajoutait, goguenard, "En fait, c'est à partir de mai et jusqu'en septembre que c'est difficile". Souvent, si les interlocuteurs directs sont là et bien là, c'est l'environnement professionnel qui fait défaut. Impossible de faire visiter une usine à l'arrêt ou un bureau d'étude sans ses ingénieurs. Idem pour l'environnement : les hôtels se sont mis en mode tourisme et les horaires de fête des transports urbains ne sont guère favorables aux déplacements. Bref, ce qui fait le bonheur de tous est plus complexe à gérer au quotidien. Pour nos propres voyageurs d'affaires, en déplacement au bout du monde, c'est plus simple. Pris dans le feu de l'action, ils oublient que le 1er mai est férié. De là à ce qu'ils demandent une récup. Y'a pas loin.

Marc Dandreau