Qui arrêtera Donald Trump ?

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Les USA s’inquiètent. En cause, les réactions irréfléchies et spontanées de leur Président et les conséquences désastreuses de ses tweets malheureux. Mais au-delà de l’anecdote qui fait sourire, c’est le business international qui est menacé. En coulisse, plusieurs grandes firmes américaines affirment que des représailles discrètes et inattendues apparaissent.

A en croire les grandes marques américaines comme Coca ou Nike, une image ternie des Etats Unis n’est pas bonne pour le business. Si aucun grand dirigeant, hormis Elon Musk de Tesla, ne manifeste publiquement son agacement c’est, selon la presse américaine, pour éviter d'ajouter de l’huile sur le feu en attendant de trouver une solution. Et la presse d'expliquer : "Tout ce qui a contribué pendant des années au rêve américain, que ce soit dans la culture ou la consommation, est désormais montré du doigt dans une grande majorité des pays comme un signe d’impérialisme dépassé, de racisme et de repli sur soi. Autant de sujets qui inquiètent et effraient les Américains aujourd’hui persuadés, pour beaucoup ? de s’être trompés de vote en novembre dernier".

Si le middle west a voté pour Trump, alors sauveur de l’América First, aucune des deux côtes (Ouest et Est) ne se retrouve dans les propos du nouveau boss. Même au Texas, on s’agace de ses prises de décisions à l’emporte-pièce. American Airlines, symbole de la puissance aérienne US, se dit surprise par certaines prises de position. Mais attention, rien de très dur ou de très méchant… D’autant que les propos sont tenus en privé, loin des micros et des caméras. Mais quand même !

Inutile de se demander ce que sont les sujets qui fâchent les entreprises. Le monde des affaires n’apprécie pas beaucoup la provocation et affirme que depuis quelques semaines, les relations commerciales sont tendues en Chine ainsi que dans les pays du Moyen-Orient. Discrètement d’ailleurs, plusieurs grands malls de Dubaï ou d’Abu Dhabi auraient renoncé à l’implantation de grandes marques de luxe américaine en raison des prises de position anti islam manifestées par le nouveau président. Mais au-delà de ce qui est visible, c’est principalement l’attitude des clients des entreprises américaines qui inquiète. Beaucoup se disent éloignés de la vision de Donald Trump et préfèrent aujourd’hui traiter avec des entreprises asiatiques ou européennes sur des sujets aussi variés que la désalinisation de l’eau de mer ou des installations hautement technologiques ou encore que ce soit pour l’exploitation du pétrole du gaz.

La colère qui gronde dans les petites et moyennes entreprises américaines ne semble pas pour autant effrayer le président, persuadé que le marché intérieur peut suffire à un développement massif de l’économie nationale. Une vision étonnante lorsque l’on sait que l’une des plus grandes parties de l’activité du groupe Trump se fait à l’étranger. D’ailleurs, plusieurs grands projets hôteliers sont aujourd’hui bloqués malgré les efforts du gendre du nouveau président.

Comme vous l’imaginez, le thermomètre international est dans les mains des voyageurs d’affaires américains qui constatent sur le terrain ce que la presse évoque à longueur de pages. Récemment d’ailleurs, dans les colonnes du Chicago Morning News, un commentaire acerbe d’un directeur commercial d’une aciérie industrielle soulignait "les difficultés relationnelles que l’on croise à nouveau dans une grande partie de l’Asie… comme au pire moment de la guerre du Vietnam".

On pourrait ainsi détailler très longuement les causes de ce mécontentement rampant. Mais après ce constat, beaucoup attendent aujourd’hui que des solutions soient trouvées. La crise russe est considérée comme du pain béni si elle conduit à l’empeachment du Président. Mais rien n’est moins sûr ! Il reste alors la solution basique du bon commercial : convaincre que Trump n’est pas l’Amérique à lui tout seul. Difficile même si, avec quelques pirouettes ou un peu d’humour, on peut y arriver. Comme le disait un humoriste célèbre à la télévision : "Il faut le faire partir à la française en criant dégage". Preuve que nos méthodes, même discutables, séduisent aussi outre-Atlantique.

A New York,
Philippe Lantris.