Ras le bol de la morosité permanente

82

Un esprit fin faisait remarquer il y a quelques années que les Italiens étaient des Français qui savaient sourire. Un Romain remarquable, Jules César, évoquait dans son ouvrage «La guerre des Gaules», ces Gaulois «qui ne connaissaient que la face la plus sombre de la vie». Disons le tout de go, nous n’avons pas changé.

Rarement contents, toujours prêts à affronter le pire, nous sommes réputés pour notre morosité chronique. Ras le bol de ce coup de blues national qui pénalise la vie des affaires et nos relations de proximité. Une étude américaine, publiée en janvier dernier rappelait que «Sourire rend beau et donne confiance à nos interlocuteurs». Sourire, c’est l’expression de la sérénité. Cela renforce notre confiance en nous et donne à nos voisins le sentiment que nous sommes certains du bien fondé de nos actes. Ai-je besoin de rappeler ce que certaines affichettes précisent dans les bars (là ou généralement le patron est ronchon), qu’un sourire n’active qu’une dizaine de muscles alors que faire la gueule en utilise près de 65 ? Vous l’aurez compris cette course au pire permanent me fatigue.

Ras le bol de ces économistes qui se contredisent allègrement se réunissant de concert pour une seule conclusion : tout va mal. Lassé de ces politiques qui sont pour ce qui est contre et contre ce qui est pour, alors qu’au pouvoir ils faisaient exactement l’inverse. On ne doit plus fumer, plus boire, plus rouler, plus manger, plus respirer. La planète se meurt, la couche d’ozone disparait puis ressuscite. Les océans fondent mais pas partout. Bref, nous allons tous mourir. Pas la peine d’une boule de cristal pour le prévoir. C’est par nature même la finalité des mortels que nous sommes !

Bref, tant qu’à mourir, ce qui est inéluctable, faisons le avec le sourire. Arrêtons de demander tout et son contraire. Moins d’impôts plus de services. La crise, c’est bien connu, ce n’est pas nous mais notre voisin. Comme le disait en plaisantant Pierre Dac «Tant qu’à payer, que ce soit avec l’argent des autres». Notre savoir faire industriel tourné vers le passé ne veut plus regarder devant. Nous avons des qualités qui nous sont enviées par le monde entier et nul besoin d’être d’une couleur politique quelconque pour s’en rendre compte. Bref, on peut raisonnablement se dire que l’avenir sera toujours mieux que le passé. Et pour cause, nous ne le connaissons pas ! Et c’est justement là que tout est possible. Tout est permis.
Que les ronchons de tout poil acceptent de passer une journée sans râler. Une journée optimiste et constructive. Nul doute que nous voyagerons mieux dans le monde.

Marcel Lévy